
- Scénario
- Graphisme
Drifter – tome 1 de Ivan Brandon et Nic Klein
Un récit tortueux
Après quelques mois sans nouvelle, sans sortie, le label comic de Glénat revient en force avec plusieurs nouveaux titres. Parmi la première vague on retrouve ce Drifter, un peu énigmatique.
Que vaut ce titre ? Ce retour de Glénat Comics démarre-t-il sur les chapeaux de roue ?
Drifter – tome 1 de Ivan Brandon et Nic Klein est édité par Glénat Comics et est disponible à la vente depuis le 15 avril 2015.
Résumé de Drifter 1 chez Glénat Comics
Résumé de l’éditeur :
Le futur. Dans sa grande tradition de colonisation, l’Humanité s’est attaquée à d’autres planètes, minant et épuisant les ressources naturelles qu’elle rencontre sur son passage et, accessoirement, en laissant derrière elle des kyrielles de mondes inertes, sans vie… Abram Pollux va connaître un destin peu ordinaire sur la planète Ouro où son vaisseau spatial KF424 s’écrase violemment après une tentative d’atterrissage des plus périlleuses. Lorsqu’il s’éveille péniblement, la mémoire embrouillée, il se retrouve immédiatement confronté à un extraterrestre d’apparence belliqueuse. S’en suivra une confrontation dont notre héros sortira indemne, mais qui lui fera comprendre que sa peau ne vaut pas bien cher en cette lointaine contrée. C’est quand il débarque dans une ville fantôme qu’Abram comprend véritablement le sens de sa nouvelle mission… Son épopée survivaliste se transformera alors en véritable quête d’humanité. Un savoureux mélange d’Impitoyable (le western crépusculaire de Clint Eastwood), la série TV Deadwood et la saga Dune de Frank Herbert.
Le renouveau de la branche comic de Glénat
Glénat Comics revient sur le devant de la scène comic, après avoir un peu disparu quelques temps. Pour cela, l’éditeur a lancé un bon nombre de séries en plusieurs fournées. La première comprend Lazarus, Sex Criminals et donc ce Drifter. Vous devez vous demander mais pourquoi commencer par celui-là ? C’est simple il était en haut de la pile ^^
L’histoire débute par le crash d’un vaisseau. Abram Pollux, notre héros en sort vivant et débarque sur une planète totalement inconnue. D’emblée il fait la connaissance d’une étrange créature qu’il tue, par réflexe en se sentant en danger. Une seconde approche, et embarque la dépouille de la première. Peu de temps après, il se fait tirer dessus par un homme inconnu mais menaçant. Il est près de mourir, mais il doit sa survie à Lee, une infirmière. Après trois jour d’allitement, il peut en découvrir plus sur ce monde étouffant, dur et étrange.
Nous suivons ainsi les pas du héros Abram perdu dans un monde qu’il ne connait pas, aux phénomènes et créatures qui lui sont étrangers. Très rapidement Ivan Brandon va multiplier les sous-intrigues et questions, que se soit sur le crash de navette, sur l’identité même d’Abram, sur l’homme masqué qui a tiré sur le héros, ou bien encore un prêtre étrange et dérangé. Tout ceci, mêlé à l’ambiance science-fiction avec son petit côté western et un coté post-apocalyptique, crée de suite une ambiance mystérieuse mais envoûtante. On ne sait jamais bien où nous en sommes, quelle est la véritable intrigue, ni même où le titre va nous emmener, mais le scénariste distille suffisamment d’éléments pour susciter la curiosité et aller voir plus loin.
Parce qu’en l’état, il est très difficile de se faire un avis sur ce comic. Les thèmes et les possibles pistes de développement sont trop nombreux et pouvant paraître déconnectés pour bien saisir où nous mène le récit. La construction de la narration est exigeante, parce qu’on ne sait jamais trop si on saisit bien l’histoire. C’est parfois un peu brouillon, notamment quand on mélange différents éléments qui ne s’imbriquent pas toujours. De plus, je trouve qu’Ivan Brandon est très maladroit dans ses transitions. C’est un adepte des ellipses plus ou moins longues, mais surtout introduites abruptement et pas de la meilleure des façons. Plusieurs fois je suis revenu en arrière voir si je n’avais pas sauté une page. Je me rappelle notamment d’une scène où le héros revient dans la ville et la case suivante se trouve en haut d’une antenne au milieu des orages. Pourquoi et comment en est-il arriver à faire ça ? C’est au lecteur de combler les trous. Mais du coup la lecture perd en fluidité.
J’ai également eu aussi un peu de mal avec le personnage qui est un mélange complexe entre un sanguin qui laisse ses émotions le guider et, paradoxalement, un côté très victime qui subit pas mal les événements. On a aussi parfois du mal à suivre sa logique. Ce qui fait qu’on peine à s’y attacher. Il souffre un peu d’une caractérisation pas très maîtrisée.
Pourtant, malgré les défauts de la narration, ce Drifter a un côté fascinant et envoûtant. Le monde décrit a un certain charme et sent bon le western futuriste. On sent également un potentiel dans le développement futur de l’intrigue. Tout y est, les mystères au niveau du personnage, de son vaisseau, de certains seconds rôles ou même encore d’un problème de temporalité. Néanmoins, ce comic aurait gagner à, d’ores-et-déjà, donner une direction au récit. Car pour le moment, le futur du titre est flou.
L’aspect hypnotique du titre doit également beaucoup au graphisme de Nic Klein. Les planches du dessinateur allemand alternent entre le très bon et le magnifique ! Son découpage est superbe, et il offre des splash pages ou des doubles pages de toute beauté. Ses planches allient finesse et précision. Elles sont chargées de détails. Son style permet vraiment de mettre en image ce monde de science-fiction poussiéreux, mélange de space opéra et de western. Pour cela, il s’appuie sur une magnifique colorisation qui vient appuyer son trait et le sublimer.
Son charadesign, et le design des créatures est également réussi. Une belle prouesse de Nic Klein, qui a un style à la croisée des chemins entre comic et BD Franco-belge.
Pour conclure, Drifter – tome 1 de Ivan Brandon et Nic Klein est très paradoxal. Il a côté hypnotique et mystérieux mais il est la fois bordélique et parfois difficilement compréhensible. Les pistes de développement sont très nombreuses, avec de grosses possibilités. L’univers est fascinant avec cette science-fiction qui sent bon la poussière et le mystère. Les personnages ont aussi du potentiel. Et que dire du graphisme d’excellente facture, qui donne vie à l’ambiance.
Malheureusement, Drifter souffre surtout d’une narration pas toujours maîtrisée, parfois abrupte et maladroite, qui part dans tous les sens. Surtout que Ivan Brandon use d’ellipses perturbantes. Par contre, même si je suis mitigé sur ce premier tome, j’ai conscience qu’il s’agit que d’une introduction et que la suite risque de dissiper pas mal de doutes. C’est pourquoi j’ai quand même hâte de lire la suite.
Et vous qu’avez-vous pensé de ce titre ? Êtes-vous rentré dans l’ambiance et avez-vous accroché à la narration de Ivan Brandon ?
Un commentaire »