
- Scénario
- Graphisme
Drakengard, destinées écarlates – tome 1 de Jun Eishima et ZET
Une adaptation d’un jeu vidéo
Les adaptations vidéoludiques en manga sont rarement de bonnes surprises. Mais ce Drakengard a, sur le papier, des arguments à faire valoir comme une couverture engageante, une classification pour les plus de 14 ans et une thématique très fantasy.
Mais cette adaptation tirée des jeux Drakengard sera-t-elle à la hauteur ? Peut-elle être lue par des non-connaisseurs ?
Drakengard, destinées écarlates – tome 1 de Jun EISHIMA et ZET est édité par Kurokawa et est disponible à la vente depuis le 14 avril 2016.
Résumé de Drakengard 1 chez Kurokawa
Résumé de l’éditeur :
One est un guerrier énigmatique sans pitié, capable de contrôler un dragon. Nero est un Elfe pervers et arbalétrier de génie.
Tous deux s’adonnent au massacre des individus aux yeux rouges, en brûlant leurs villes et en perpétuant toutes sortes d’atrocités.
Quel sombre objectif poursuivent-ils ?
Sanglant, violent mais dans quel but ?
Peut-être que le nom « Drakengard » vous semble familier. Et pour cause, peut-être avez-vous entendu parler des jeux vidéo. Ce manga est donc en plein dans cet univers et, de ce j’ai compris, est censé être la suite de Drakengard 3. Mais très honnêtement, n’ayant jamais joué aux jeux, je ne peux pas trop vous dire.
Il est important de bien insister sur ce détail car Drakengard prendra peut-être tout son sens si on est familier de l’univers, des personnages, et des histoires. Car pour les néophytes, c’est plus compliqué, voir difficilement abordable.
En effet, les auteurs jettent presque le lecteur dans le feu de l’action, avec un petit massacre en règle. Ils ne prennent pas le temps d’introduire tout ça. De fait, on ne saura rien des deux héros, du monde et de leurs objectifs. On se contentera de faire des suppositions sur le pourquoi de massacres de monstres et de villageois sans hésitation. Surtout que certains « pouvoirs » des héros, certains rebondissements tombent un peu comme un cheveu sur la soupe. Si cela peut couler de source pour les amateurs, ça l’est beaucoup moins pour quelqu’un ne connaissant pas l’univers.
Il faut plusieurs dizaines de pages pour apprendre que nos héros massacrent surtout des gens atteint d’un symptôme les transformant presque en monstres sanguinaires. J’avoue ne pas trop comprendre ce choix d’introduire ça si tardivement. Surtout que ce fait conditionne un peu tout l’histoire et légitime certains passages très limites.
Le but étant probablement de surligner le côté « méchant » des héros, les montrer comme de puissants guerriers mais qui massacrent à tour de bras. Les présentant ainsi comme des personnes sans cœur. Pourtant, rapidement, One le guerrier à l’épée, se place comme moins primaire que ce que l’on pourrait croire. Il est un petit plus torturé et plus complexe que ce que l’on peut croire. Par contre, pour Nero, l’homme à l’arbalète, sa caractérisation est hyper décevante. Il est présenté comme un personnage badass, se complaisant dans la luxure, la violence, et le sang. Il est donc très basique, avec peu de nuances. Si ce n’est qu’il semble avoir un but derrière ces massacres et que ce n’est jamais totalement gratuit, même s’il adore ça. De fait, il est très fade et finalement peu intéressant.
Ce personnage de Nero m’a suscité encore plus de dégoût lors de la dernière scène, malsaine, gratuite et dérangeante. Je ne comprend pas l’intérêt de cette scène ! Surtout que, sans spoiler, c’est plus que limite !
En gros, c’est un viol, mais à la Japonaise, donc avec une espèce de consentement de la victime qui me donne envie de vomir à chaque fois. Je sais que c’est très japonais comme approche, mais je déteste toujours autant ça !
Surtout que là c’est que pour le fanservice, avec du sexe, des femmes nues et des délires sexuels étranges ! Je ne sais pas encore si cela se justifiera mais pour le moment, ça parait totalement gratuit et donc dispensable.
Drakengard échoue à rendre son univers accessible mais également dans son histoire introduite maladroitement et dans ses personnages peu approfondis. Ce seinen joue tout sur le sang, la violence et les boobs. Et même si c’est une orgie visuel de ce point de vue là, et même s’il y a un côté régressif, cela ne justifie pas tout et ne fait pas oublier le reste.
Graphiquement, le travail de ZET est de qualité, voir même pas moment assez superbe. Il excelle notamment dans les scènes d’action, où l’hémoglobine gicle par hectolitre. Il arrive à donner beaucoup de dynamisme, tout en restant lisible. Il est également parfois imaginatif sur les morts, et autres blessures. Son sens du mouvement lui permet de découper son action de façon très lisible voir presque cinématographique.
Pour conclure, Drakengard, destinées écarlates – tome 1 de Jun Eishima et ZET est très bien réalisé graphiquement, avec une certaine maîtrise dans les scènes d’action. Pour le reste, je me montrerais plus réservé. Drakengard s’attaque surtout aux joueurs du jeu vidéo, connaissant l’univers. Eux comprendront probablement mieux certains passages. Car pour les autres, tout est un peu obscur. On ne sait pas grand chose, du monde, des personnages, du fil rouge, du virus… Certaines choses sont dévoilées bien trop tardivement, si bien qu’on ne sait pas où on va.
Pour le moment, nous avons juste deux héros, certes badass, mais creux et assez fades. Ils ont juste pour eux cette grâce et cette facilité à massacrer.
D’ailleurs cette violence, mâtinée de fanservice, si elle est assez jouissive, ne masque pas le manque de développement de l’histoire. Si bien qu’on s’y ennuie, et qu’on ne voit pas trop où tout ça va aller.
Une lecture pour le moment dispensable !
Et vous qu’en avez-vous pensé
En tout honnêteté, j’ai joué à Drakengard, et je trouve pas trop que ça colle avec la version papier. Le côté bourrin est là, mais alors la première scène que tu décris, j’étais bien déçu qu’il fasse un truc comme ça, vraiment !
Parfois j’ai du mal à comprendre les éditeurs qui valident ce genre de passage…
Après, pourquoi pas faire des héros badass qui détruisent tout, mais quoi qu’il arrive, comme tu l’as si bien dit, si il y a pas de but et de fil logique, on s’ennuie rapidement