
- Scénario
- Graphisme
Descender – tome 1 de Jeff Lemire et Dustin Nguyen
La haine des robots !
Urban Comics semble beaucoup apprécier les récits de Jeff Lemire. L’éditeur nous propose donc un nouveau titre de cet auteur : Descender.
Ce comic est très orienté science-fiction, un genre que semble apprécier le scénariste.
Mais qu’est-ce qui se cache sous ce titre énigmatique ?
Descender – tome 1 : étoiles de métal de Jeff Lemire et Dustin Nguyen est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 29 janvier 2016.
Résumé de Descender 1 chez Urban Comics
Résumé de l’éditeur :
La Galaxie se remet péniblement du traumatisme causé par l’apparition, il y a dix ans, des Récolteurs, des robots de la taille d’une planète qui préfigurèrent la révolte des machines contre les Hommes. C’est dans cet univers en pleine reconstruction, qui a depuis appris à haïr le genre mécanique, que s’éveille Tim-21. Sans le savoir, le petit droïde cache dans ses circuits imprimés l’héritage et es véritables intentions des Récolteurs. Un secret dont tous les gouvernements de la galaxie rêveraient de s’emparer.
Tim-21 et les Récolteurs !
Jeff Lemire va devenir un scénariste incontournable de toute bibliothèque digne de ce nom. Après ses passages sur Animal Man, Green Arrow ou encore ses oeuvre Trillium, Sweet Tooth… voici un nouveau titre : Descender. Et autant l’annoncer de suite, il ne vous laissera pas de marbre.
L’histoire se situe après une tragédie. Quelques années auparavant, d’énormes robots : les Moissonneurs sont apparus dans le ciel de plusieurs planètes. Puis, ils ont attaqué, décimant les populations, avant de disparaître subitement sans raison. Depuis le monde vit dans la peur de leur retour et dans la haine des robots. C’est dans ce contexte que se réveille un robot à l’apparence infantile : Tim-21, qui pourrait être la clé de la compréhension des Moissonneurs.
Ce qui frappe, et ce dès sa première apparition, c’est le capital sympathie qui se dégage de Tim-21. A la base, il s’agit d’un robot de compagnie pour enfant humain. Son passé et sa vie avec sa famille d’adoption sont très touchants. Il fait preuve de beaucoup d’empathie et il a une sensibilité toute humaine. Evidemment, Jeff Lemire ne se prive pas de l’opposer à la condition humaine de cette époque où les robots sont traqués et éliminés sans pitié. Ce héros est bluffant d’humanité et devient très rapidement attachant. Mais le scénariste n’en oublie pas également de travailler les personnages plus secondaires comme Jin Quon son « père », père de la robotique moderne, de son chien androïde ou encore du robot Foreur. Ce dernier est un robot simple, spécialisé dans le forage, vouant une haine sans nom aux humains. Sous son côté très primaire et manichéen, il devient plus intéressant quand il va servir de « protecteur » à Tim-21. Plusieurs autres personnages vont venir élargir la galerie, comme ceux qui sont envoyés pour récupérer le jeune robot.
Mais au-delà des personnages, Jeff Lemire nous livre une histoire passionnante, plein de rebondissements et d’aventures. Le tout avec, évidemment, un côté SF très prononcé.
Car on sent que ce Descender est un peu un condensé d’influences des grandes œuvres de la science-fiction. Ainsi la condition humanoïde n’est pas sans rappeler l’oeuvre d’Isaac Asimov ou encore du Philip K. Dick (Les androides rêvent-ils de moutons électrique ?). On peut voir du Terminator dans le « soulèvement des machines ». Tim-21 a également un côté très Astro héros de l’oeuvre Astro, le petit robot d’Osamu Tezuka. L’organisation interplanétaire, les différents mondes et races et le côté space-opéra puisent, probablement, leur inspiration du côté de Star Wars.
Mais c’est loin d’être une simple repompe. Evidemment, il est difficile de renier toutes ces inspirations. Mais ici, le foisonnant scénariste les digère pour proposer une oeuvre intelligente et captivante. Il fait sienne ces grandes thématiques pour alimenter une narration brillante et proposer une ambiance qui lui est propre. Il fait parfois un peu trop du Lemire, mais l’histoire est captivante et pleine de profondeur. Les rebondissements sont nombreux et on sent un potentiel certain. Il reste plein de choses à creuser.
Et surtout, c’est de la science-fiction comme je l’aime avec de multiples ramifications, différentes races, du space-opéra, des thèmes forts (qu’est-ce que l’humanité, la co-existence robot/ humain, la gouvernance galactique…)…
Jeff Lemire arrive à jouer sur deux tableaux à priori antagonistes : un univers vaste et complexe et une focalisation presque intimiste sur un jeune androïde.
Et pour couronner le tout, Lemire s’est entouré de Dustin Nguyen qui parvient à donner une personnalité à ce titre, par son dessin. Son trait fin, complété par de superbes aquarelles offrent des planches de toute beauté et pleine d’identité artistique. Je trouve aussi qu’il ajoute une touche d’humanité au robot, et en même temps un côté plus froids aux humains. En gros, son trait est au diapason du récit et le sert magnifiquement.
Pour conclure, Descender – tome 1 de Jeff Lemire et Dustin Nguyen est un petit bijou tel que je les aime. Il fait rentrer encore plus Jeff Lemire dans la liste des scénaristes que j’affectionne tout particulièrement.
Ce dernier nous propose un récit dense, plein des thèmes forts et phares de la science-fiction, mais assaisonnés à sa sauce. En ressort un titre personnel, bourré de qualité et passionnant à lire. La faute à un héros attachant et excellemment bien caractérisé, à une intrigue qui captive et une narration maîtrisée.
La mise en forme de Dustin Nguyen magnifie tout ça, en créant une personnalité folle à ce comic. Les touches de peinture viennent apporter de la profondeur à ses crayonnés.
Un titre passionnant que je vais m’empresser de continuer à suivre. De la très bonne science-fiction ! Merci M. Lemire !
Faut reconnaître qu’il est fort le Lemire. 😉
Je viens de me relancer dans les Valiant car il a repris certaines séries et ça fait plaisir aussi de ce côté-là.
@Dionysos : Faut que je reprenne aussi les Valiant. Plus trop à jour. Mais oui Lemire est fort. La plpart de ses récits sont de petits bijoux
Pour moi, lire du manga me fait du bien, mais lire du bon manga est encore mieux. Je n’ai jamais lu ce « descender », mais pour arriver à tout comprendre sans aucun problème, je vais commencer par le tome 1.