
Critique : Vivants de Isaac Marion
Un premier roman unanimement salué.
Isaac Marion, est un jeune auteur américain, qui nous livre un premier roman unanimement salué par la critique! Traduit dans 20 pays, Vivants sera adapté au cinéma en 2012 par Summit Enternainment (producteur de Twilight) et réalisé par Jonathan Levine.
Il s’agit d’une fable moderne, une réinterprétation du mythe de Roméo et Juliette version zombifiée. Son auteur décrit son roman comme “une histoire sérieuse se déroulant dans un univers absurde. Il est question de zombies, mais ce n’est pas un roman de zombies”.Il est disponible en France depuis le 21 octobre 2011 aux éditions Bragelonne.Avant de rentrer dans le vif du sujet, je tiens à faire une petite digression quant au rapprochement qui est fait entre Twilight et cet ouvrage. En effet, en plus du producteur commun pour le film en devenir, on peut lire sur la couverture un “blurb” de Stephenie Meyer, auteur de la saga Twilight, déclarant tout le bien qu’elle pense de cet ouvrage.
Ne vous inquiétez pas outre mesure, si le rapprochement est facile à faire, puisque l’on est en présence d’une histoire d’amour au milieu de “monstres” issus de la littérature fantastique classique, ce livre est plus une ode à la vie, qu’une histoire pour adolescents encaninés.
Isaac Marion a, sur ce sujet, indiqué qu’il trouvait cette comparaison “frustrante, mais inévitable étant donné le nombre de rapprochements qu’on peut faire”.
Résumé de Vivants chez Bragelonne.
R est un zombie. Il n’a pas de nom, pas de souvenirs, pas de pouls. Mais il rêve.
Dans les ruines d’une ville dévastée, R rencontre Julie. Elle est vivante, palpitante. C’est un jaillissement de couleurs dans un camaïeu de gris. Et sans vraiment savoir pourquoi, R choisit de ne pas la tuer. C’est le début d’une étrange relation, à la fois tendre et dangereuse.
Ce n’était jamais arrivé. R bafoue les règles des Vivants et des Morts.
Il veut respirer de nouveau, il veut vivre, et Julie va l’aider. Mais leur monde ne se laissera pas transformer sans combattre.
Roméo et Juliette en territoire Zombie.
Cet ouvrage est un savant mélange des genres. Une histoire d’amour entre Julie et R (ces noms ne vous rappellent rien?), la subtilité est ici que si Julie est bien vivante, R est un zombie ! Puisqu’on se trouve ici sur un blog consacré en autre à la fantasy, je commencerai donc par vous parler de zombies ! Isaac Marion traite son sujet d’une main de maître. Si il part sur les bases classiques du mythe des morts-vivants, en effet, la majorité des stéréotypes du genre sont repris, il y apporte sa propre réinterprétation, et rien que pour cela, ce livre doit être lu !
En effet, si les zombies se traînent au ralenti pour dévorer des êtres vivants, ils ne sont pas dénués d’intelligence, au contraire, mais ils sont en quelque sorte apathiques, désabusés, et en tout état de cause, doivent se résigner à l’impérieuse nécessité qu’ils ont de se nourrir de chaire fraîche. Aussi ont-ils leur propre façon de vivre, ils vivent regroupés dans des lieux sures, proche des grandes villes pour pouvoir aller se restaurer… Plus original, ils communiquent entre eux (attention on ne peut pas réellement parler de dialogues structurés), ont des amis, peuvent se choisir un époux, et des enfants sont mêmes confiés aux dits couples ! Au surplus, les zombies sont ici hiérarchisés en deux classes distinctes, les zombies “traditionnels”, charnus en décomposition, à la recherche de nourritures que l’on retrouve au plus bas échelle de cette société. R est l’un d’entre eux.
A l’opposé, en haut cette pyramide sociale, se retrouvent des zombies squelettiques, décharnés, donnant l’impression de n’avoir jamais été humains. Ce sont les penseurs, les décideurs, qui dictent leurs règles de vie au reste de cette société.
Enfin, et c’est finalement cette particularité qui construira le récit de Isaac Marion, les zombies ne se rappellent rien de leur vie d’autrefois, mais peuvent s’approprier les souvenirs de leurs victimes à conditions de leur gober le cerveau. R va ainsi dévorer le cerveau de Perry, le petit ami de Julie, et se verra ainsi dans l’obligation de subir une cohabitation forcée au sein de son propre cerveau dégénéré.
Julie, cette jeune femme pleine de vie dont la route croisera celle de R lors d’un pique-nique sanglant, changera de manière irrémédiable sa vie (ou sa non-vie)!
Enfin, il est à noter que le traitement porté aux survivants humains est tout à fait pertinent. Le mode de vie adopté par ces derniers est crédible tout en étant original.
Concernant l’épidémie en elle-même, Isaac Marion ne s’y étend pas trop, on ne sait pas depuis combien de temps elle dure, combien il existe de survivants. Nous ne savons pas non plus à quelle période se déroule les évènements qui nous sont comptés. Toutefois, certaines informations nous sont distillées au compte-goutte, mais cela reste suffisant pour donner un background solide à la trame de son histoire.
Évidemment, la seconde particularité de ce roman repose sur cette idylle naissante entre R et Julie.
Même si une grande partie de la communication sur ce roman se fait autour de cet axe de lecture, il n’est finalement que accessoire !
En effet, cet ouvrage est plus une ode à la vie, un poème sombre sur le sens du mot “vivant”, une longue métaphore sur le sens de la vie.
La première partie du roman pose par exemple de nombreuses questions sur l’importance de la mémoire et des souvenirs.
Finalement ce qui fait vibrer le coeur de R pour Julie c’est justement cette vie qu’elle porte en elle, cette façon de continuer à rêver au coeur des ruines d’une civilisation perdue, d’une humanité abandonnée.
Volontairement je ne veux pas trop rentrer dans les détails concernant le contenu de ce roman, mais les sujets de réflection abordés sont réellement intéressants et bien amenés.
Toutefois, je dois dire que je n’ai pas particulièrement accroché à la fin du récit, que ce soit dans les scènes d’actions (un côté un peu trop cinématique pour moi), ou dans la résolution même de l’intrigue (si vous voulez en discuter dans les commentaires?).
En tout état de cause, tant sur le fond que sur la forme, cet ouvrage a des qualités indéniables.En effet, le style de Isaac Marion est très fluide et agréable. Le récit est entièrement conté à la première personne par R, poète désabusé qui s’ignore, à l’humour noir bien venu. Je ne sais pas trop pourquoi, mais le style de Isaac Marion m’a fait énormément à celui de Douglas Coupland, certainement ce coté enchanteur désabusé. J’ai réellement dévoré cet ouvrage, les pages s’enchaînent très rapidement. Généralement c’est bon signe ! Toutefois, contrairement à beaucoup d’avis sur la toile, ce roman n’a pas été pour moi un coup de coeur ultime, notamment quant à son dénouement, mais une lecture très agréable, une réinterprétassion de mythe du zombies intelligente et tout simplement une belle histoire.
Avez-vous lu ce roman? Qu’en avez-vous pensez? Etes-vous plutôt zombie ou roman d’amour? Qu’avez-vous pensé de la fin?
Hmm intéressant ça !
Je fonce sur ce bouquin dès que j’ai terminé celui en cours ! 🙂
J’espère que l’adaptation sera mieux que celle de Twilight alors …
Un livre qui me tente beaucoup mais que je n’ai pas encore trouvé … très mal desservi en Belgique. 😕
(P.S. Merci pour ton commentaire sur l’article hommage à JC. C’était un gars vraiment bien humainement et culturellement).
Merci pour vos commentaires.
@Thalia concernant JC, il s’agit de Kameyoko qui a du laisser un message et non moi… Je suis actuellement en vacance au Japon, et peu connecté…
Même si je ne le connaissais pas, j’ai pu voir ma TL parler de cette tragique perte… Toute mes condoléances à ses proches et sa famille…
En voyant le « blurb » de Stephanie Meyer sur la couverture, j’avais presque abandonné l’idée de le lire…
Mais heureusement, j’ai repoussé mes a-priori, et j’en viens à la même conclusion que toi, ce livre est réellement intéressant sur les thématiques qu’il traite, le rapport à la vie, à la différence, à l’amour, etc. .
Malgré quelques questions sans réponse (dur dur d’être curieux !) même à la fin du livre, j’ai vraiment apprécié cette réinterprétation du « zombie » pleine d’humour. En fait, je dirai qu’il s’agit à la fois d’une évolution hypothétique pertinente du zombie, un renouvellement du genre, et très clairement, tout simplement une belle histoire qui fait sourire et passer une agréable lecture.
Et ça, c’est déjà beaucoup à mon humble avis !
Merci Cedrick pour ton commentaire, que je partage complètement!
Par contre, le temps avançant, j’ai de plus en plus peur de l’adaptation cinématographique prévue pour bientôt…
Il y a longtemps pour ma part que je n’avais pas dévorer un bouquin en une nuit.
Alors je confirme, l’histoire de ces R(oméo) et Julie(tte) au pays de zombies est aussi classique que romantique et pourrait vite tourner à l’eau de rose rance.
Mais non!
Le regard personnel du conteur-héros évite tout de suite l’écureuil. En quelques pages seulement je suis tombée sous le charme de cet étrange contemplatif. Une créature plus proche d’un monstre de Tim Burton que d’un vampire adulescent pseudo-sexy.
Raide dingue! Mais pas pour une belle gueule insipide ou son destin romantique. Non.
Pour son regard particulier donc, pour sa lenteur pataude, pour son humour noir
Pour sa curiosité « pas mal » saine, cet appétit de vie plus que de chaire vivante (qui contraste tant avec l’ atonie de certains vivants).
Pour sa conscience d’une existence étriquée, ironique et subie (plus que les nôtres?).
Pour ses dialogues avec lui même d’abord, avec cet autre en lui après ingestion, puis avec Julie et enfin avec les autres autour.
Pour son questionnement perpétuel: le rôle de la mémoire, l’incommunicabilité, la nature de l’être (et des êtres), les sentiments, les paradigmes, le libre arbitre…
« VIVANT » n’est pas seulement le titre ce ce livre, c’est aussi son thème central. La romance n’est qu’un prétexte (plutôt charmant après tout) d’esquisser un tour de cette question.
Alors oui j’ai très peur.
Peur qu’une mauvaise adaptation à l’écran ne fasse tomber en lambeau ce monstre vibrant d’humanité.
Peur aussi que les autres protagoniste osseux, charnus ou vivants, ne soient réduits qu’à leur nature. Que leurs personnalités propres soient niées. Noyées dans le blanc jaunis, le bleu-gris verdâtre, et le rose taché d’hémoglobine. Et c’est à craindre!
Merci beaucoup pour cette contribution de qualité!
Euh. Merci d’avoir ouvert une si bonne tribune pour ce sujet
😳
au plaisir de vs lire