. Critique : Les Faucheurs sont les Anges de Alden Bell. | Fant'asie
Torospatillo 17/05/2012 8
Critique : Les Faucheurs sont les Anges de Alden Bell.

Les faucheurs sont les anges d'Alden Bell

Les Faucheurs sont les Anges de Alden Bell.

Bragelonne et les Zombies.

Après l’original et marquant Vivant de Isaac Marion, Bragelonne nous propose à nouveau du Zombies avec son nouveau coup de coeur Les Faucheurs sont les Anges de Alden Bell.
Il s’agit du premier roman de cet auteur, et la critique outre-altlantique a été dithyrambique à son égard.
Sur la couverture il est fait référence à de nombreux ouvrages à savoir : Le Passage de Justin Cronin, ainsi qu’à La Route de Cormac McCarthy et Into the Wild de Jon Krakauer. N’ayant lu aucun de ces romans je ne m’attarderai pas sur ces comparaisons.
Pour résumer on a un livre de zombies, acclamé par la critique, une très jolie couverture, et un titre accrocheur aux sonorités bibliques… En somme, suffisamment de bonnes raisons pour que je me plonge dans ce roman!

Résumé de Les Faucheurs sont les Anges chez Bragelonne.

Temple n’a aucun souvenir du monde avant la chute.
Du monde avant les zombies, avant les camps de survivants, avant les plaines de suie où tombent les vivants et se lèvent les morts.
Temple a quinze ans, mais le temps de l’innocence est depuis longtemps révolu. Seule face à la nature, à ses miracles et à sa sauvagerie, elle est pourtant décidée à profiter de ce que la vie peut encore lui offrir, et à découvrir ce que dissimule l’horizon.
Et derrière cette adolescente au coeur simple et dur, habitée par le désir d’être juste, se profile l’ombre de l’homme qui a juré de la tuer.
Un récit puissant, sur la survie et l’humanité. Un livre terrifiant, mais profondément moral.

Dieu et les zombies ne font pas forcément une bonne équipe.

J’avoue que je ne sais vraiment pas par où commencer cette chronique. Pour résumer ma lecture je dirais que je suis passé complètement à coté.
Je n’ai pas détesté ce roman, mais je n’ai jamais réussi à rentrer dedans. Je suis sure que ce roman plaira à certains, peut-être même à une majorité, mais pas à moi.
Nous suivrons principalement le roadtrip de Temple, jeune fille de 15 ans évoluant dans une Amérique dévastée.
Le postulat de départ est pourtant intéressant, puisque Alden Bell à choisit de faire naître son héroïne dans un monde qui était déjà infesté de zombies. Toutefois cette idée n’est finalement que peu exploitée, et n’explique pour ainsi dire que le côté très sauvage, individualiste et asociale de cette jeune fille.
Alors oui Temple est une battante, elle s’accroche à la vie, et peut, par moment, être fascinante dans son émerveillement devant des choses simples dont on a tendance à occulter la beauté dans nos sociétés actuelles.
Au cours de son roadtrip sans but elle croisera la route de Maury, un handicapé mental muet avec qui une relation particulière, pleine de tendresse, se créera. Cette relation est certainement l’élément qui m’a le plus convaincu durant ma lecture.
Évidemment Temple croisera d’autres survivants durant son périple avec lesquels des relations plus ou moins longues s’établiront. Elle rencontrera également celui qui deviendra son némésis, Moïse, qui la traquera à travers tous les Etats-Unis.
Cette sombre histoire de vengeance m’a réellement perturbé tant elle est étrange. Sortir du confort d’un abri, chercher à se venger pour donner un sens à sa vie, braver tous les dangers, et entretenir une relation des plus ambiguës avec la protagoniste de l’histoire… De plus, Moïse est le personnage qui arrive tout le temps au moment opportun alors qu’on l’avait perdu de vue depuis un moment, et c’est assez exaspérant.

Ce qui également exaspérant c’est le côté irréel de certaines situations dans lesquelles se retrouve Temple. Une de ces scènes les plus WTF est certainement son séjour dans une grande demeure du genre coloniale dont les habitants semblent être restés coincés au 19ème siècle. Évidemment cela fait plus de 15 ans que la terre est ravagée, et personne n’est jamais venu piller cette demeure pleine de richesses et seulement protégée par une clôture électrique.
Et puisque j’en suis au stade des choses irréelles et incompréhensibles, expliquez moi comment les trois quarts des survivants ont-ils accès à l’électricité? Franchement…
En vrac je pourrais également citer la rencontre avec les mutants ou encore le twist final improbable mais je préfère m’arrêter là.

De plus, les Faucheurs sont les Anges n’apporte rien de nouveau aux mythes des zombies et reprend les grands principes du genre. Les zombies ici présents sont de l’espèce plutôt lente, et ils sont presque inoffensifs, c’est d’ailleurs à se demander comment l’humanité a à ce point pu sombrer et ne jamais se relever.
Par contre, j’ai particulièrement apprécie deux éléments quant aux choix des lieux de survies choisis par Temple ou d’autres survivants; à savoir un phare et un train fonctionnel. Ces deux idées m’ont réellement semblées pertinentes dans une optique survivaliste.

Et j’en viens au point le plus délicat du roman, ce qui aurait pu en faire un livre impressionnant ou un pétard mouillé : la Religion, enfin le Catholicisme pour être précis.
Alden Bell use d’un vocabulaire religieux très marqué durant tout son roman, apportant un caractère quasi mystique aux aventures de Temple. En plus de ce vocabulaire, les personnages sont globalement très pieux et ne manqueront pas de citer les textes saints en références à certaines situations. Ce qui avouons-le, pour une jeune fille de 15 ans qui ne sait pas lire et n’est jamais allé à un cour de catéchisme, est assez troublant…
De plus cette profusion de références bibliques n’apporte rien à l’histoire. J’espérais vraiment un rapprochement entre l’histoire et ce style si particulier, mais celui-ci n’est jamais intervenu. Objectivement je pense qu’un rapprochement plus assumé entre apocalypse et zombies aurait eu de la gueule. Mais si cela est évoqué, il n’en découle rien de concret, et c’est très décevant.
Aussi ne vous attendez pas à un dénouement mystique qui aurait par exemple pu expliquer d’où venait l’électricité…
Finalement ce style particulier apporte de la lourdeur au récit, qui était déjà quelque peu déroutant par sa rédaction tout au présent. Le récit est conté à la troisième personne du singulier via un narrateur omniscient mais dont la connaissance du monde ne sera, de façon surprenante, qu’une seule fois exploitée.

Pour conclure, Les Faucheurs sont les Anges est un roman étrange et déroutant. Si il regorge de bonnes idées, elles sont sous exploitées. De plus ce récit est entaché d’un grand nombre de scènes surréalistes, inexplicables dans une Amérique dévastée depuis plus de 15 ans  par les zombies. Alden Bell a voulu donné à son récit des allures mystiques par une sur-utilisation de termes et références religieuses, mais qui finalement ne servent en aucun cas son récit. J’ai voulu aimé ce livre, mais je suis finalement complètement passé à côté. Si vous cherchez un livre original vous trouverez peu être votre bonheur dans votre lecture, mais tel n’a pas été mon cas.

Avez-vous lu cet ouvrage? Pensez-vous que je suis complètement passé à coté de cette lecture? Me trouvez-vous trop sévère?

8 commentaires »

  1. valeriane 18/05/2012 at 10:23 -

    Je ne connais pas ce bouquin, mais je ne te trouve pas trop sévère.
    Bon, évidemment, ça ne va pas m’inciter à la lire, mais s’il n’en vaut pas vraiment la peine… c’est mieux!
    Je trouve que ta chronique est bien argumentée. Ce n’est pas parce qu’il est « comparé » à des chefs d’oeuvre, ou commenté par des « grands » auteurs qu’un livre est bon… c’est toujours le bandeau pub trompeur!
    (Par contre, je viens de commencer le Passage de Cronin; et ça a l’air sympa 😉 )

  2. Torospatillo 18/05/2012 at 13:05 -

    Merci pour ton commentaire!
    Pour ce qui me fait dire que je suis passé à côté c’est que sur amazon us, sa note est de 4,5/5 avec 124 notes… C’est quand même assez impressionnant!
    Après cette chronique n’est que mon humble avis…

  3. valeriane 18/05/2012 at 13:46 -

    Récemment un auteur m’a proposé de découvrir son bouquin en échange d’une chronique. J’ai accepté… mais plus ou moins pas aimé du tout le roman dit « thriller romantique »… alors que je lui mets à peine 1 sur 5, parce que vraiment trop de défaut narratif etc… je vois fleurir des 5 sur Amazon.fr
    J’ai franchement du mal à comprendre… okay tout le monde n’a pas les mêmes goûts, mais lire que le bouquin est « génialissime », euh, je pense que c’est exagéré…
    évidemment par la suite, j’ai été taxée de méchante dans les commentaires de l’article. C’était très drôle 😉
    Donc, faut toujours mettre une réserve sur les com’ d’Amazon. Bon évidemment, sur ce bouquin, il y a bcp plus de notes que par rapport à celui que j’avais reçu…
    En même temps… on n’est pas obligé de tout aimer non plus!

  4. Torospatillo 18/05/2012 at 20:14 -

    Complètement d’accord avec toi!
    J’espère que des personnes qui auront aimé ce livre passerons commenter par ici! Ça serait intéressant!

  5. Meily 23/05/2012 at 08:50 -

    Cette critique tombe à pique, je cherche justement à me replonger dans une ambiance post-apocalyptique !

    Ta critique est intéressante et même si elle est plutôt en défaveur du livre tu as souligné des points qui justement m’intéresses dans ce genre de lecture 😉

  6. loulou 19/07/2012 at 22:47 -

    je suis en train de le lire et même si je trouve que ce n’est pas mal écrit, moi aussi je n’arrive pas à rentrer dans l’histoire. Je ne dit pas qu’il est nul mais il y a mieux, et les incohérences temporelles me troublent.
    En bref je vais finir le livre mais je le lis de façon détachée, sans avoir la sensation de « plonger » dans le livre. Pourtant je sais aussi que ce n’est pas une histoire que j’oublierai aussitôt lue.

  7. Keibo 27/07/2012 at 20:55 -

    Je suis en pleine lecture de ce roman, à vrai dire je l’ai presque terminé, et je comprends ta critique. Il est vrai que certains passages restent un peu étranges, cependant pour ma part, j’ai réussi à entrer dans l’histoire et j’ai été touché par Temple, la protagoniste de l’œuvre. Pas vraiment par ses dialogues qui souvent me semblent « à côté » mais par sa personnalité ombrée d’un dédoublement étrange, cette part de sauvagerie qui s’allie si bien à l’émerveillement dont elle fait preuve pour le monde. Elle se qualifie elle-même de méchante, mais son cœur semble être le plus pur de tous les Hommes qu’elle rencontre. Parce que selon moi, c’est une des principales critiques amenées par l’auteur, que celle de l’Homme. Confronté à un monde post-apocalyptique, et à des créatures cauchemardesques qu’on aimerait qualifier de principales antagonistes, on se rend vite compte que ces dernières ne sont rien, face à l’Homme et à la cruauté qui, malgré lui, lui colle à la peau. Bref, je comprends les points évoqués par ta critique mais je précise, à ceux qui te lisent, que tout dépend de la sensibilité, qui diffère, de chaque lecteur ; les faucheurs sont les anges est un livre plein d’une poésie étrange, un regard sur l’humanité et le monde, qui mérite l’attention de ceux qui apprécient le genre. 🙂

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