. Critique : La Fille Automate de Paolo Bacigalupi. | Fant'asie
Torospatillo 20/06/2013 6
Critique : La Fille Automate de Paolo Bacigalupi.

La Fille Automate de Paolo Bacigalupi.

Le Palmarès.

Il y a de ces livres dont j’entends parler régulièrement, qui m’attirent, et qui finalement, je ne sais pas pourquoi, je n’ai toujours pas lu…

Ce livre dont je parle est le premier roman de l’américain Paolo Bacigalupi, La Fille Automate dont le titre original est The Windup Girl.

Rares sont les premiers romans ayant été si unanimement salués par la critique, et surtout rares ont été les premiers romans à rafler un aussi grand nombre de prix : Prix Nebula du meilleur roman 2009, Prix Hugo du meilleur roman 2010, Prix Locus du meilleur premier roman 2010, Prix John Wood Campbell Memorial 2010, Prix Bob-Morane 2013, Grand prix de l’imaginaire: meilleur roman étranger 2013 (également prix de la meilleur traduction pour la version française), et enfin le Prix Planète-SF des Blogueurs, où sans trop vouloir m’avancer, je suis sure que le Traqueur Stellaire et Gromovar ont appuyé en ce sens…

Bref, j’étais passé à côté de l’édition brochée chez Au Diable Vauvert, et j’ai profité de l’édition en poche chez J’ai Lu pour enfin me procurer ce roman!

Résumé de La Fille Automate chez les éditions J’ai Lu.

Dans un futur proche où le tarissement des énergies fossiles a radicalement modifié la géopolitique mondiale, la maîtrise de la bio-ingénierie est devenue le nerf d’une guerre industrielle sans merci. Anderson Lake travaille à Bangkok pour le compte d’un géant américain de l’agroalimentaire. Il arpente les marchés à la recherche de souches locales au coeur de bien des enjeux. Son chemin croise celui d’Emiko, la fille automate, une créature étrange et belle, créée de toutes pièces pour satisfaire les caprices décadents des puissants qui la possèdent, mais désormais sans plus d’attaches.

Bangkok et bio-ingénierie.

Tiens, j’ai oublié de mentionner dans mon introduction que ce roman était classifié en Science-Fiction, mais ici point de vaisseaux spatiaux, l’action se déroule dans un Bangkok pas si lointain, enclavé par la montée des eaux résultant du réchauffement climatique.

Dans le futur décrit pas Paolo Bacigalupi, les Etats tels que nous les connaissons n’existent plus, la faute à différents facteurs, le réchauffement climatique et son corollaire la montée des eaux, la raréfaction des formes d’énergies que nous connaissons, et surtout l’émergence de Grands Groupes Calorifiques.

Ces grands groupes dictent leurs lois aux États, ils produisent l’ensemble de la nourriture (génétiquement modifiée) et se livrent une guerre terrible en relâchant des maladies détruisant les cultures de la concurrence, ou les cultures originelles…

En plus de détruire les cultures, ces épidémies évolues et ont tendances à s’attaquer aux humains… Enfin, leurs créations sont brevetés, et les semences ne sont valables que pour une récolte, leur permettant de garder ainsi le pouvoir sur leurs consommateurs.

Seuls deux Etats semblent avoir survécu à la main mise de ces compagnies. Le Japon, qui est devenue expert en bio-ingénérie au point de créer des humains modifiés génétiquement et spécialement entraînés pour accomplir certaines taches spécifiques.

A l’opposé la Thaïlande qui vit en complète autarcie, ou plutôt survie avec ses propres moyens, ses propres cultures, et surtout sa propre banque génétique, qui permet de recréer de nouvelles espèces végétales malgré les épidémies qu’elle peut subir. Et surtout elle survie grâce à un peuple à la culture millénaire.

Mais les Compagnie Calorifiques sont évidemment intéressées par cette banque génétique..

Au coeur de cette Bangkok contestée, nous suivrons différents destins aux intérêts souvent opposés, mais liés par un point commun, la personnalité qu’ils présentent en public n’est pas cohérente avec leurs aspirations cachées.

La plongée dans ce Bangkok se fait de manière magistrale, et la ville, voir le Pays et sa population, tiennent une place de choix dans l’oeuvre de Paolo Bacigalupi.

Si le rythme du roman est relativement posé au début, il s’accélère de manière progressive sur l’ensemble du roman jusqu’à un choc des différentes forces en présences qui s’annonçait inévitable…

Ce roman propose un dépaysement rare, une SF à la limite du post-apo mais qui reste encrée dans un monde que l’on connait, dans une évolution possible de ce dernier…

Toutefois, et c’est bien le seul point négatif que je peux reprocher à ce roman, certains points ne sont pas assez développés à mon sens, notamment quant à la question énergétique. Si le pétrole est devenu rarissime qu’est-il advenue de l’électricité? Il y a d’autres questions en suspens, mais peu être que Paolo Bacigalupi nous reconduira dans ce monde, et je serai du voyage…

Pour conclure La Fille Automate est un roman étonnant, un voyage dans un futur pas si lointain, une réflexion sur le pouvoir des grandes firmes alimentaires, pharmaceutiques, énergétiques et leurs possibles dérives. Même si finalement les sous-intrigues ne sont pas si intéressantes que ça, le monde développé est d’une justesse folle, et passé à côté de cette lecture serait une belle erreur…

6 commentaires »

  1. Acr0 20/06/2013 at 19:29 -

    Je pense que la sortie en poche a bien aidé les derniers lecteurs curieux pour l’acquérir 🙂
    J’espère le lire moi aussi bientôt ; je reste intriguée par le récit. Encore faut-il être – si j’ai bien compris – concentré.

  2. Antoine Soto 25/06/2013 at 11:41 -

    C’est un bien triste monde qui nous est proposé par Paolo Bacigalupi, déprimant même, mais surtout réaliste dans sa vision de la prédominance de biotechnologie alimentaire et de ses dérives. Difficile de ne pas penser à Monsanto quand l’auteur évoque AgriGen et ses méthodes discutables… C’est en cela que ce roman est effrayant : il décrit un avenir qui semble réaliste, malgré sa noirceur.

  3. La fille automate 08/10/2013 at 10:10 -

    Bonjour,

    je ne le trouve toujours pas en livre de poche à la FNAC, quelqu’un à une date ? 💡

    Merci à vous !

  4. Torospatillo 08/10/2013 at 11:52 -

    Personnellement je l’ai lu en poche, c’est édité chez J’ai lu, je l’avais pris chez Amazon….
    C’est certainement la fnac qui a des problèmes de stock…

  5. Laetitia Garcia 26/11/2020 at 20:14 -

    Les grands romans d’anticipation développent souvent les peurs et les thématiques en vogue au moment de leur écriture, et vieillissent plus ou moins bien. Je me demande comment nous apparaîtra celui-ci dans quarante ans ou plus.

Laisser un commentaire »