. Clone – Tome 1 : Première génération de David Schulner et Juan José Ryp | Fant'asie
Del Poyo 29/04/2014 0
Clone – Tome 1 : Première génération de David Schulner et Juan José Ryp
  • Scénario
  • Graphisme

Clone – Tome 1 : Première génération de David Schulner et Juan José Ryp

Petite vue d’ensemble

Delcourt est dans une phase éditoriale florissante côté comics. J’ai l’impression que Delcourt essaye d’effectuer une transition qui semble être important à l’heure où la concurrence française au niveau des comics n’a jamais été aussi rude. On le voit très bien avec un renforcement des séries phares comme Spawn (un hors-série par an, plus une nouvelle série La saga infernale), Invincible (notamment avec l’arrivée des Gardiens du globe en 2014) ou encore la franchise Mignola (je pense à la bonne idée de reprendre la numérotation des deux séries principales, Hellboy et BPRD, au #1). De plus, Delcourt met fin à des séries qui ne se vendent plus (Darkness, Witchblade, Fathom) et prouve une fois de plus avec l’avortement prématuré de séries comme Savage Dragon ou Elephantmen (pas officiellement annulée, mais la nouveauté semble mal partie…) que sa politique est clairement aujourd’hui de publier ce qui se vend. Et c’est tout à son honneur.

Cette politique amène Delcourt a faire de bons choix éditoriaux. Je l’ai dit, les franchises comme Star Wars, Hellboy, Spawn ou Invincible sont intelligemment renforcées au sein de la maison d’édition. A cela, Tony Chew ou The Goon font leur bonhomme de chemin sereinement. Je ne parle pas de Walking Dead, et c’est volontaire, car cette série est carrément hors-concours en ce qui concerne les ventes BDs… Delcourt affirme une volonté de fraîcheur avec beaucoup de nouveautés et notamment avec la création du label Comics Fabric qui propose des exclusivités mondiales puisqu’il s’agit de productions Delcourt, et non d’achats de droits éditoriaux (Je suis un peu dans le flou quand au succès de ce label aujourd’hui…). Les nouveautés pleuvent avec Midnight Nation, The Sword, 2 Guns, Glory, Rachel Rising, Luther Strode, Storm Dogs, The Crow et biensur Clone. De la Science Fiction, de l’horreur et du gore, quelques one-shot, des séries qui cartonnent aux US, Delcourt veut limiter les risques et table sur ce qui marche. En coulisse, il est évident que les droits de publication s’arrachent, quand on voit que les succès d’Image sont partagés entre Delcourt et Urban (ce dernier a quand même raflé trois grosses séries : East of West, John Prophet et Saga).

Vous l’aurez compris, il me tenait à cœur de faire un petit état des lieux de ce qui se passe chez Delcourt. L’éditeur propose beaucoup de nouveautés, et il va être difficile de faire le tri parmi tout cela. La stratégie sera-t-elle payante ? J’ai un peu peur que la politique sera de sonder le public et de garder uniquement ce qui marche, tant pis pour les séries qui ne seront jamais poursuivies. Je vous propose donc de regarder un peu ce que vaut une de ces nombreuses nouveautés : Clone (d’autres chroniques arriveront par la suite : The Crow, The Sword et Hellboy en Enfer).

Clone – Tome 1 : Première Génération de David Schulner et Juan José Ryp, édité par Delcourt est disponible en librairie depuis le 05 février 2014.

Une nouveauté qui n’en est pas

Si Clone est une nouveauté en France, la série est éditée depuis 2012 par Image Comics outre-atlantique. Pourquoi ce choix ? Personnellement, Clone n’est pas une série dont j’avais beaucoup entendu parler avant de la voir débarquer dans l’hexagone. Mon avis est que Delcourt a fait un gros pari sur l’artiste. Juan José Ryp. Ce nom seul me suffit à acheter un comics. Le dessinateur espagnol s’est fait connaître pour ses travaux sur Black Summer et No Hero en collaboration avec Warren Ellis. Il a travaillé aussi sur Frank Miller’s Robocop produisant un travail de toute beauté. Son dessin, caractéristique, est bourré de détails et les visages expressifs rendent son style très réaliste. Mais le seul artiste suffit-il à justifier l’achat de ce volume ?

Clone est une série de Science Fiction, surfant un peu sur les modes actuelles des séries TV : une intrigue politique, de l’action et des mystères gouvernementaux. Au milieu de tout cela, des histoires très personnelles indépendantes pour certains personnages sont développées. Honnêtement, on accroche. Les auteurs ne prennent pas leur temps, et le lecteur est directement plongé dans une course poursuite. Luke, un futur père menant une vie ordinaire, trouve un jour dans sa cuisine un double de lui-même mortellement blessée. Cette personne lui révèle alors qu’ils sont tous deux des clones, et qu’il en existe bien plus encore. Et quelqu’un cherche à les éliminer tous. A partir de là, tout s’enchaîne : enlèvement, expérience interdites, révélations, intrigues politiques, meurtres, magouilles et compagnie. Il y a de la matière.

Oui mais voilà, on ne s’ennuie pas, on se laisse prendre au jeu, mais il n’en sort rien de bien extraordinaire. Finalement, c’est quand même du déjà vu. Les histoires de clones, ça commence à faire quelques années qu’on est bercé par cette thématique, que ça soit au cinéma, à la TV ou dans les livres. La manière de traiter le sujet est banale, on n’a pas une nouvelle approche du problème. Pour résumer, une expérience gouvernementale et quelqu’un qui veut tous les tuer. Même au-delà de l’aspect « clone », ces approches sont vues et revues : je pense à Heroes par exemple. C’est dommage car le récit est bien mené. Juste sous-traité.

Je suis obligé d’admettre que j’ai été un peu déçu par le dessin de Juan José Ryp… Et ça me fait mal de dire ça, car c’est un artiste que j’adore ! La raison est simple, il abuse bien trop de trames informatiques en texture de points. Je ne comprends pas son choix. Les trames informatiques plutôt que dessinée à la main donnent un rendu grossier et complétement artificiel. D’ailleurs Delcourt a la bonne idée de publier les esquisses crayonnées à la fin du volume qui démontre que la main du maître ne vaut pas les retouches à l’ordinateur… Ca reste tout de même du JJ Ryp, et ça déchire !

Avant de conclure, petit « coup de gueule » à l’encontre de Delcourt qui vend son ouvrage en présentant David Schulner comme scénariste de Desperate Housewives. Ne vous laissez pas berner, le bonhomme n’a en réalité scénarisé qu’un seul épisode sur toute la série. Pas très honnête de la part de l’éditeur.

En conclusion, que faut-il retenir de tout ça ? Clone est une série qui assure sur les bases. De l’action, du mystère, un récit qui bourrine à 100%, un artiste qui certes n’est pas au mieux de sa forme mais qui produit un travail tout de même de grande qualité. Il y a tout les ingrédients pour accrocher et poursuivre. Les points faibles sont plus sur le fond que sur la forme. Si le dessin est excellent, toujours aussi détaillé et expressif, on peut regretter un choix d’encrage. Pour le récit c’est dans le fond aussi que ça pèche. C’est trop télégraphié et déjà-vu. Si on cherche une réflexion sur la condition de clone, c’est pas là-dedans qu’on le trouvera.

Et vous ? Que pensez-vous du travail de Juan José Ryp sur cette série ? Partagez-vous mon opinion sur le côté revu de l’intrigue ?

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