
Critique de The Artist de Michel Hazanavicius
Un film muet en noir et blanc
The Artist risque bien d’être LE film évènement de ce dernier trimestre 2011. Pourquoi? Parce que The Artist est un projet couillu ! A l’heure de la 3D outrancière, des effets spéciaux toujours plus présents et réalistes, Michel Hazanavicius a choisi de réaliser un film en noir et blanc mais surtout muet. Oui, oui, j’ai bien dit muet! Ce pari est assez risqué. Déjà il faut arriver à le financer, puis le diffuser et enfin faire en sorte que les spectateurs aillent le voir.
C’est Thomas Langmann qui a pris la décision courageuse de le produire (et bien lui en a pris). Pour ce film, le réalisateur s’est entouré du bankable Jean Dujardin (qu’il connait bien pour l’avoir côtoyé sur OSS 117) et Bérénice Bejo (Meilleur Espoir fémnin, OSS 117 Le caire nid d’espions…) qu’il connait bien aussi.
Un film comme cela ne peut marcher qu’à l’unique condition que ce soit excellent. Juste bon ne suffirait pas à en faire un succès. Est-ce le cas ?
The Artist de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman est distribué par Warner Bros et sortira en salle le 12 octobre 2011.
Résumé de The Artist de Michel Hazanavicius
Résumé made in Allociné
Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L’arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l’oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l’histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l’orgueil et l’argent peuvent être autant d’obstacles à leur histoire d’amour.
Une performance exceptionnelle !
Comme je le disais dans l’introduction, The Artist est un énorme pari artistique mais aussi financier.
A une heure où le cinéma rime avec 3D, suites à rallonge, reboot, relaunch… ; bref où il n’y que trop peu de créativité et où le visuel a pris le pas sur le fond, un homme tente le défi presque impossible de sortir un film en noir et blanc, et surtout muet.
Un vrai projet artistique dont il faut saluer l’initiative. Et pour que ce film marche, il ne doit pas se contenter d’être pas mal, il doit être excellent.
Et, je peux vous rassurer : c’est le cas ! The Artist est un film couillu, certes, mais un film exceptionnel, porté par des acteurs sensationnels, Jean Dujardin et Bérénice Bejo en tête.
Le projet était casse-gueule mais Michel Hazanavicius a eu la carrure et le talent pour porter son projet.
C’est l’histoire de deux acteurs du 7ème art qui se croisent. Tandis que l’un chute inexorablement, l’autre vient cotoyer le firmament. Mais au-delà de ces destins croisés, de cet idylle aussi bien artistique que sentimental, le réalisateur utilise en toile de fond l’histoire du cinéma et de sa première grande révolution : le passage du cinéma muet au parlant, avec en parallèle la fameuse crise de 1929.
Par le biais de George Valentin et Peppy Miller, Hazanavicius nous déclare son amour pour l’âge d’or du cinéma, mais pas seulement. Son film transpire l’amour du septième art. Plus qu’un hommage au cinéma muet, il le transcende par son amour et par 80 ans d’histoire, d’évolutions techniques et narratives.
The Artist c’est esthétiquement magnifique avec un noir et blanc de toute beauté, émouvant sans être too much, drôle par moment, d’une nostalgie touchante et avec une vraie réflexion sur la célébrité, le temps qui passe et l’évolution d’un art visuel et des opportunités à saisir.
La réalisation est aussi magnifique, avec de beaux plans, des trouvailles excellentes. Comme par exemple ce passage où le héros rêve du « son » et où l’on entend les bruitages qui s’amplifient alors que George Valentin, lui ne peut s’exprimer. Artistiquement superbe, mais aussi une belle métaphore sur une évolution artistique que le personnage n’a pas su saisir et se retrouve prisonnier de son choix.
Michel Hazanavicius utilise les codes de ce cinéma de genre, joue avec mais tout en important 80 années d’histoire, notamment dans la réalisation, le jeu d’acteur…
J’appréhendais un peu ce film parce que j’avais clairement peur de m’emmerder. Et ce n’est pas du tout le cas. je me suis régalé même si forcément ça n’éclate pas dans tous les sens, il n’y a pas de l’action toutes les deux minutes. Le film est peut-être un poil long, mais je ne me suis pas ennuyé. J’ai été happé dans cet univers de film muet.
Muet ne veut pas dire sans bruit. Il y a une musique omniprésente qui permet de renforcer l’impact émotionnel ou humoristique des scènes. Elle joue un rôle prépondérant dans ce film.
Je ne pouvais pas finir cette critique sans parler des acteurs qui portent le film comme rarement je n’ai vu ça. Jean Dujardin livre une prestation assez hallucinante! Il mériterait un oscar.
Il excelle aussi bien sur les phases plus drôles où il peut laisser parler son incroyable expressivité avec ses « grimaces » ou expressions qui lui siéent si bien. Mais il est tout aussi excellent pour des moments plus dramatiques et intimistes. Son jeu d’acteur est quasiment parfait. Car il ne force jamais et par son visage et son corps il arrive très bien à s’exprimer.
Bérénice Bejo illumine aussi le film. Dès son apparition, on sait que c’est elle l’héroïne. Son rôle est peut-être moins varié que celui de Dujardin, mais elle le fait à merveille. Quand on voit les deux évoluer ensemble, on se dit qu’ils étaient fait pour jouer ensemble sur ce film.
Les personnages secondaires comme ceux campés par John Goodman et James Cromwell sont aussi au diapason.
Bref le casting est incroyable. Heureusement que c’est le cas, car le film repose en grande partie sur eux.
Pour conclure, The Artist est un audacieux pari mais qui est totalement réussi. C’est un petit bijou !
Michel Hazanavicius livre un film passionnant, esthétiquement superbe, où on sent un amour du cinéma. Le tout porté par des acteurs incroyables. Notamment Jean Dujardin, pour qui ce rôle va probablement marquer un tournant dans sa carrière.
Forcément The Artist est un titre à part. Il y aura pas mal de préjugés à dépasser pour décider les gens à aller le voir. Mais j’espère qu’ils le feront car ce film en vaut la peine.
Comptez-vous aller voir ce film? Le fait que ce soit un film muet vous fait-il peur ?
Tin je savais déjà que le duo Dujardin/Bejo envoyait du bois mais ce qu’on m’avait jamais dit c’était que Hazanavicius était derrière la caméra. Là je suis juste putain d’a fond.
@Amo : C’est bien Hazanavicius à la réalisation. Donc en gros en retrouve un peu la team des OSS.
Et franchement le résultat est exceptionnel. Le seul hic c’est qu’il faut accepter que ce soit du muet, même si ça passe très très bien.
Mais à aller voir ne serait-ce que pour « récompenser » ce pari audacieux mais réussi