Critique de Sucker Punch de Zack Snyder

Babes, flingues et katana

Sucker Punch est l’un des films les plus attendus de ce premier semestre 2011. Forcément quand on réunit Zack Snyder (300, Watchmen, l’armée des morts…), des jolies filles sexy, des gunfights, des katanas, des samourais, des orcs, et des nazis steampunk, ça a de quoi faire frémir le petit geek qui est en nous… ou au contraire faire peur.

Sucker Punch, c’est ça, c’est un film qu’on espère jouissif mais dont on sait qu’il est tellement space qu’il n’est jamais très loin du bide. Mais vers de quel coté penche-t-il plus?

Sucker Punch, réalisé par Zack Snyder et avec Emily Browning, Abbie Cornish, Vanessa Hudgens … sort aujourd’hui, mercredi 30 mars et est distribué par Warner Bros.

Résumé de Sucker Punch

Résumé made in Allociné :

Fermez les yeux. Libérez-vous l’esprit. Rien ne vous prépare à ce qui va suivre.
Bienvenue dans l’imaginaire débordant d’une jeune fille dont les rêves sont la seule échappatoire à sa vie cauchemardesque… S’affranchissant des contraintes de temps et d’espace, elle est libre d’aller là où l’entraîne son imagination, jusqu’à brouiller la frontière entre réalité et fantasme…
Enfermée contre son gré, Babydoll a toujours envie de se battre pour reconquérir sa liberté. Combative, elle pousse quatre autres jeunes filles – la timorée Sweet Pea, Rocket la grande gueule, Blondie la futée, et la loyale Amber – à s’unir pour échapper à leurs redoutables ravisseurs, Blue et Madame Gorski – avant que le mystérieux High Roller ne vienne s’emparer de Babydoll.
Avec Babydoll à leur tête, les filles partent en guerre contre des créatures fantastiques, des samouraïs et des serpents, grâce à un arsenal virtuel et à l’aide d’un Sage. Mais ce n’est qu’à ce prix qu’elles pourront – peut-être – recouvrer la liberté…

Zack Snyder à la réalisation mais aussi au scénario

Zack Snyder est un réalisateur que j’affectionne tout particulièrement. J’ai beaucoup aimé tous ses films, même si certains ont été démontés. Pour moi Watchmen est une tuerie, 300 est jouissif et l’armée des morts un excellent remake. Je n’ai pas encore vu le Royaume de Ga’Hoole.

Pourtant, même si j’attendais ce Sucker Punch depuis plusieurs semaines, j’avais quand même une crainte. Déjà parce que le film est quand même très particulier en soi, mais aussi parce que c’est le premier film qu’il scénarise. Snyder avait prouvé sa créativité mais uniquement sur des films bénéficiant d’un socle solide. Ses premières réalisations étaient soit des remakes, soit des adaptations comic ou littéraire.

Avec Sucker Punch on rentre en plein dans son imaginaire et tout ses délires. C’est SON film, son moyen de se libérer de toutes les contraintes narratives et d’exprimer tout son talent pour le visuel et l’esthétisme.

On assiste à un film complètement barré, très imaginatif. Un gros bordel, fourre-tout de ses inspirations et délires. Il y a un coté jouissif et décomplexé pas déplaisant.

Le problème c’est que justement c’est un fourre-tout; un fourre-tout magnifique visuellement et créatif, mais un fourre-tout quand même.

J’ai eu l’impression que Snyder avait plusieurs trips en tête, complètement différents qu’il a décidé d’absolument tous les mettre dans un film. De fait nous avons plusieurs scènes complètement folles. Tantôt les filles, dans des tenues fantasmées (entre l’écolière à couette, l’asiat militaire dominante, la danseuse sexy…) se coltinent des samouraïs géants maniant katanas, naginata et grosses sulfateuses, des orcs belliqueux, des nazis robots steampunk, avec des gros méchas.
Cependant ces scènes manquent de liant entre elles, sans avoir de fluidité dans l’enchainement et sans penser que c’est logique.

Il faut dire que ces scènes ne sont pas aidées par le scénario. On voit bien que Zack Snyder est débutant dans ce domaine. Le scénario est faible et va à l’essentiel, oubliant les subtilités et retournements de situation. Clairement, il n’y a aucune tension et aucune, ou si peu, d’intensité dramatique. Certains personnages meurent, mais le spectateur est à peine touché par cela. La faute à des personnages, certes poseurs, stylés, mais creux et un peu fades.
Notamment Babydoll, interprétée par Emily Browning n’est pas crédible et a le charisme d’une huitre. Quand aux autres actrices, elles ne brillent pas non plus par leur interprétation. Certaines ne passent pas lors des scènes d’action. Je pense notamment à Vanessa Hudgens (Blondie) qui est ridicule lorsque elle tient une arme à feu. On n’y crois pas une seconde, tant sa posture n’est pas naturelle.

Pourtant, même avec ce coté non-maîtrisé, il ne faut pas bouder son plaisir, peut-être un plaisir coupable, mais plaisir quand même.

Visuellement, Zack Snyder est toujours aussi impressionnant, trop diront certains. C’est un réalisateur poseur, esthète de la mise en scène qui recherche à toujours aller plus loin dans le « style » (prononcer staïle). Pour cela, il use et peut-être abuse, des ralentis, des actrices qui posent, des choix de caméra spectaculaires et toujours cette omniprésence d’effets spéciaux. On ressent la volonté de proposer de l’action décomplexée et de procurer jouissance et extase au spectateur. Même si on adhère pas au style Znyder, même s’il faut aller voir ce film en état conditionné et en sachant pertinemment ce qu’on va y trouver, je met quiconque au défi de ne pas éprouver un certain plaisir dans ces scènes d’un esthétisme rare.

On peut avoir une certaine honte à l’avouer, mais ces scènes sont bandantes. Abusées, pas crédibles, parfois clichées et mais terriblement jouissives. Il faut reconnaitre que la mise en scène est travaillée et la photo magnifique.

En gros il y a 4 scènes (si je ne me trompe pas) marquantes, dont l’intérêt décroit un peu, et chacune est bourrée de références que l’on sent personnelles. Ainsi, on y verra un hommage ou clins d’œil au seigneur des anneaux, à Killzone ou Jin Roh, à Asimov, aux mangas, jeux vidéo…

Pour conclure, Sucker Punch est un peu le film que j’attendais, avec les bons comme les mauvais cotés. En effet, le scénario n’est pas à la hauteur. Zack Snyder empile ses fantasmes et délires bourrés de références et de pop culture mais sans chercher à uniformiser ou à relier tout ça.

Il faut donc aller voir Sucker Punch comme un gros délire d’un geek assumé, visuellement superbe où l’action est au centre du récit. C’est un bon exutoire jouissif, bordélique mais au final pas dégueulasse.

Alors certes, la déception l’emporte parce que ce n’est pas le meilleur Snyder, je préfère les autres, mais tant que ça divertit je dis oui. Par contre, il ne faudra pas rechercher autre chose. Parce que derrière les défauts sont nombreux : scénario creux, personnages fades, acteurs quelconques, un goût à l’excès de la pose, des dialogues parfois risibles et un manque de continuité dans les scènes.

Sucker Punch déçoit et décevra ceux qui en attendaient beaucoup. Ce n’est pas la tuerie que j’en espérais, ce n’est certainement pas le meilleur film de Snyder (pour ne pas dire le plus maavais). Mais en rabaissant ses attentes et en allant le voir pour ce qu’il est, c’est un film badass à prendre comme un pur divertissement primaire.

Et vous qu’en avez-vous pensé? Avez-vous été déçu? Avez-vous éprouvé ce plaisir coupable dont je parle?