[Cinema] Kick-Ass, de Matthew Vaughn
Sortie du phénomène le 21 avril 2010
Jeudi dernier, j’ai eu l’immense chance de pouvoir assister à l’avant-première du film Kick-Ass réalisé par Matthew Vaughn, grâce à Allociné. Ce film me fait fantasmer depuis plusieurs mois. Faut dire que dans une certaine communauté, il fait beaucoup parler de lui.
Il faut savoir que ce film est tiré du très récent comic du même nom. Kick-Ass, le comic, est signé par Mark Millar au scénario et John Romita Jr au dessin. Pour information, le tome 1, intitulé le « Premier Vrai Super Héros » est disponible en librairie depuis le 17 mars 2010 et est édité par Panini Comics.
Je l’ai en ma possession, mais je n’ai pas voulu le lire avant le film. La critique devrait bientôt arriver. Ça serait dommage de passer à coté de ce phénomène, qui fait couler beaucoup d’encre. Certains idolâtrent Mark Millar, d’autres le font passer pour un imposteur et un opportuniste.
Par conséquent, dans cette critique, je ne ferais pas de parallèles et de comparaisons entre ce film et le matériau de base.
Résumé du film Kick-Ass
Dave Lizewski est un adolescent nourrit au comics et qui partage cette passion avec ces deux amis Todd et Marty. Il s’éprend d’une belle jeune fille Katie Deauxma, pour qui, il est invisible.
Dave est bien décidé à vivre sa passion jusqu’au bout en devenant dans la vie réelle un héros. Il se choisit donc un costume et un nom : Kick-Ass. Il va donc combattre le crime à sa façon; sans pouvoir.
Mais pour sa première intervention, il se fait massacrer et se prend un coup de couteau. Après plusieurs semaines de rétablissement, plusieurs plaques de fer posées et un manque de sensibilité à la douleur, il peut enfin revenir au lycée.
Mais son obsession ne l’a pas quittée. Il va revenir en tant que Kick-Ass v2.
Un soir il va intervenir pour sauver un homme face à plusieurs hommes. Cette scène est filmé par un badaud et diffusée sur Youtube. Kick-Ass devient un buzz.
D’autres personnes vont suivre son exemple. C’est ainsi que Hit Girl et Big Daddy vont faire leur apparition. A la différence que ces deux derniers sont plus sérieux et n’hésitent pas à tuer et se font très rapidement des ennemis puissants.
Sauf que ces mêmes ennemis pensent que c’est Kick-Ass qui est responsable des morts. Le parrain local Franck D’Amico va demander la tête de Kick-Ass.
Ces super-héros sans pouvoirs vont pouvoir montrer ce dont ils sont capables.
Des personnes sans pouvoir endossent leur costume
N’ayant pas lu le comic, et malgré les nombreux teasers et bande-annonces, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Certes, j’avais une idée de l’ambiance et du type de film mais guère plus.
Mais à la fin de cette séance, je suis ressorti avec la banane! Assurément c’est un film fun et divertissant. Il n’est certes pas parfait mais il remplit parfaitement son rôle à savoir proposer de l’entertainment pur et dur. C’est drôle, sanglant, borderline, jouissif, bourré d’action, et aux références et clins d’oeil à tire larigot.
Évidemment, la cible est plus les adulescents ou jeunes adultes gavés aux comics et autres adaptations cinématographiques mais pas seulement. Je pense que tout amateur d’action et de films un peu barrés trouvera son bonheur.
J’ai trouvé que Kick-Ass était une très bonne surprise. Le sujet, le style de film est assez difficile à réaliser. La frontière entre navet, trahison de l’œuvre originale et un putain de bon film, est ténu. Matthew Vaughn s’en sort très bien et ne franchit pas la ligne jaune.
Il a réalisé un film qui privilégie l’action tout de même, mais qui propose quand même une bonne dose d’humour, d’un peu de dérision du genre et avec des effets de réalisation sympathiques.
J’ai beaucoup apprécié ce coté, je me moque gentillement des « geeks comics » tout en leur montrant du respect. Le réalisateur les caricature, s’amuse avec les clichés (comme le coté asocial, miséreux sexuel…) mais sans tomber dans l’excès et sans jamais leur manquer de respect.
Dans le style, Kick-Ass se rapproche de films comme Bienvenue à Zombieland ou encore Shawn of the Dead. Par là, je veux dire qu’il joue avec les codes des films du genre, en les détournant un peu, mais en respectant ce qui fait leur force et leur attrait auprès du public.
Au niveau de la mise en scène (même si je ne sais pas si ces passages sont présent dans le comic de base ou pas), il y a quelques superbes scènes imaginatives.
Je pense à une scène où Hit Girl porte des lunettes infrarouges et où on voit son parcours sanglant à la mode FPS. On ne voit que son arme et les futures victimes se prenant de bon vieux headshot.
Il y aussi la grosse scène de fin, où on sent un style à la Tarantino avec beaucoup de « cool attitude ». On assiste à un scène énorme, d’une jouissance extrême, le tout sur une musique entrainante en parfait décalage avec le violence de la scène (ce qui fait furieusement penser à Quentin Tarantino).
Les passages dessinés type comic sont aussi une bonne idée qui colle bien à la scène.
Kick-Ass est un film, je me répète, jouissif, très limite, un peu violent (même si je m’attendais à pire), gratuit et dérangeant. Mais que c’est bon!
Le spectateur passe par différente phases émotionnelles. On peut passer de scènes très violentes, à des passages plus drôles en rien de temps. L’un souvent n’allant pas sans l’autre. Ainsi, même les scènes plus dures sont toujours un peu humoristiques. Ce qui est un peu malsain puisqu’on prend un plaisir sadique à voir mourir de façon originale certaines personnes.
Le titre est aussi borderline parce que Big Daddy et Hit Girl sont dérangeants. Savoir qu’un père embrigade et forme sa fille dans le but de se venger est limite. Même s’ils sont touchants et que leur relation est un des points forts du film, ça reste immoral.
Mais l’humour est toujours là et se révèle plus subtile que ce qu’on pouvait imaginer. La majorité des blagues font mouches et collent bien avec l’atmosphère du film.
Kick-Ass aussi est un vibrant hommage aux comics et aux films adaptés. Les références sont très nombreuses, que se soit par des détails du décors, par des dialogues… Ainsi, en étant attentif on trouve de nombreux clins d’œil à Spider-man, Iron-man, Batman, Hellboy…
Mais même en n’y connaissant rien, ne pas les remarquer, n’handicape pas le visionnage du film. C’est juste un plus appréciable pour ceux capables de les déceler.
L’histoire met un peu de temps à se dynamiser puisque la première partie introduit le personnage principal, l’arrivée du super-héros et tout ce qui en découle derrière. Il faudra attendre un peu pour avoir du lourd. En fait jusqu’à ce que Hit Girl et Big Daddy arrivent.
La fin par contre manque d’originalité. Elle est assez classique de ce type de film. Le héros se révèle sur la fin et apporte enfin quelque chose. Mais il reste un peu le mec qui sert à rien.
Et oui, car bizarrement Kick-Ass est sûrement un des personnages les moins intéressants du film. Dave Lizewski est un peu un looser, trop idéaliste et un peu naïf, qui est vite dépassé par son acte. Sa relation avec Katie n’est pas des plus intéressante et il a un coté tête à claque.
Alors qu’on pensait avoir un personnage fort, on se retrouve avec un héros en retrait, en fait juste normal au contraire des personnages de Big Daddy et Hit Girl. L’acteur qui interprète ce rôle : Aaron Johnson s’en sort vraiment très bien.
Mais ce dernier est éclipsé par l’incroyable duo formé par Hit Girl et Big Daddy. Indéniablement ces deux rôles crèvent l’écran et font de ce film ce qu’il est.
Big Daddy est le personnage le plus torturé et le plus sombre. Il a une vengeance à accomplir et utilisera tous les moyens à sa disposition. Il est froid et méthodique. Nicolas Cage, qui l’interprète, nous sort une très belle performance. Sa relation avec sa fille est touchante malgré le coté déviant.
Mais le personnage fort du film, et celui que j’ai adoré est bien Hit Girl. Cette gamine de 10 ans, haute comme trois pommes, marque le film de son empreinte. Elle déchire tout simplement. Chloé Moretz vole la vedette à Kick-Ass. On ne voit qu’elle.
Son rôle marquera le film de super-héros. Ses scènes d’actions sont hallucinantes et jouissives au possible. Elle fait preuve d’une énergie et d’un charisme fou. Elle se montre tantôt attachante, drôle, subversive et décalée. Un mélange détonnant! Tous les passages où elle apparait pourraient devenir culte.
Mark Strong, en tant que méchant, est lui aussi énorme. Il en impose et donne beaucoup de prestance à ce personnage qui sans lui en manquerait.
Pour conclure, même s’il y a quelques défauts, même si on peut critiquer le travail initial de Mark Millar, ce film reste totalement déjanté, politiquement incorrect, jubilatoire et délicieusement un peu sadique et subversif. Violence, action, humour, clins d’œil sont savamment dosés pour proposer un film de super-héros décomplexé qui assure son rôle de divertissement!
Matthew Vaughn s’en sort impeccablement, avec un casting proche de la perfection et nous livre un film qui fera date, enfin pour moi, pour ce type de long-métrage, à condition de le prendre au premier degré.
Rendez-vous le 21 avril 2010 dans vos salles obscures!
Et maintenant place à Scott Pilgrim vs The World de Edgar Wright le 18 août 2010.
Et vous qu’en avez-vous pensé? Bonne adaptation?
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