
Critique du film Argo de Ben Affleck
Un film tiré d’une histoire vraie.
Argo est le nouveau film de Ben Affleck en tant que réalisateur. Après des débuts prometteurs derrière la caméra sur Gone Baby Gone et The Town, on retrouve l’acteur-réalisateur aux commandes de ce film.
Pour la petite anecdote, c’est George Clooney qui lui a offert le scénario sur un plateau.
L’histoire est tirée de faits réels, qui sont restés sous silence de longues années, avant que Bill Clinton ne lève le voile sur cet épisode de la révolution iranienne. Une histoire qu’on croirait inventée par Hollywood (ce qui est un peu le cas, mais vous comprendrez pourquoi en voyant le film), mais qui fût bien réelle.
Argo de Ben Affleck, avec Ben Affleck, Bryan Cranston, John Goodman… est distribué par Warner et sera en salle à partir du 7 novembre 2012
Résumé d’Argo de Ben Affleck
Résumé d’Allociné :
Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l’ambassade américaine de Téhéran, et prennent 52 Américains en otage. Mais au milieu du chaos, six Américains réussissent à s’échapper et à se réfugier au domicile de l’ambassadeur canadien. Sachant qu’ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de « l’exfiltration » de la CIA du nom de Tony Mendez monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu’il ne pourrait exister qu’au cinéma.
Une exfiltration sous haute tension
Ben Affleck est un acteur qui ne fait pas l’unanimité, capable du très bon comme de l’épouvantable. On garde tous au moins en mémoire le risible Daredevil. Il s’est aussi mis à la réalisation et ce Argo est son troisième film après Gone Baby Gone et The Town, deux très bons films.
Ben Affleck continue son apprentissage avec un film délicat puisque basé sur des faits réels. Et pourtant c’est son film le plus abouti. Il nous prouve qu’il a un vrai talent pour raconter des histoires et qu’il n’est jamais aussi bon que quand il se met en scène.
Argo se déroule à la toute fin des années 70, en plein révolution iranienne. On suit un agent de la CIA chargé d’exfiltrer des ressortissants américains réfugiés dans l’ambassade canadienne, le tout sur fond de crise diplomatique et de guerre imminente.
Tony Mendes, va donc monter une opération aussi audacieuse que risquée : faire croire qu’ils font des repérages pour un film de science-fiction en Iran.
Et aussi incroyable que cela puisse paraître, il s’agit réellement d’une histoire vraie. Ben Affleck, nous narre cet épisode resté secret pendant des années, avec une réelle maîtrise aussi bien narrative que technique (de la réalisation, à l’image, en passant par les décors et costumes).
Le film se découpe en trois grandes phases, assez distinctes par le style mais qui, pourtant, font partie intégrante de l’ensemble.
La première s’ouvre sur la prise de l’ambassade américaine par une foule iranienne déchaînée. Dès les premières secondes, la tension est palpable. On sent la vindicte de la foule et que la moindre étincelle peut venir tout enflammer. On peut lire la colère sur le visage des manifestants. Et puis, soudain ces derniers escaladent la clôture et tout devient incontrôlable. Le réalisateur joue bien avec deux visions. D’un coté, celle des manifestants venant prendre en otage les diplomates et employés américains, et de l’autre, celles des américains essayant de détruire tous leurs dossiers et matériels sensibles.
On suit également la fuite de 6 ressortissants.
Ce passage là est très intense et le spectateur est happé par les évènements, superbement mis en image. Les mouvements de caméra rapides, caméra à l’épaule, passant d’un visage à un autre sont un poil trop utilisés, mais donnent un sentiment d’urgence et un regain de tension. On rentre dans le vif du sujet et on sait que nous aurons le droit à un thriller politique, diplomatique, tout en montrant les mécanismes de cette révolution iranienne. Le fait de savoir que tout cela est vrai nous captive encore plus.
Surtout que Ben Affleck a énormément travaillé sur l’immersion, les détails pour qu’on se sente en 1979. L’image a un grain particulier qui sent bon la fin des 70’s. On retrouve aussi des objets de l’époque, les coupes improbables, les grosses lunettes carrées…
S’en suit toute une phase sur comment exfiltrer ces personnes. Tout ça pour arriver à la solution farfelue du spécialiste Tony Mendes : travailler sur un faux projet de film et faire croire qu’ils font parti de l’équipe.
La deuxième se concentre, elle, sur le montage du faux film, qui se doit d’être le plus réel possible. Il faut donc choisir un scénario, trouver un producteur, faire de la publicité…
Et là, Ben Affleck va s’amuser à nous proposer une satyre du cinéma et de ses méandres. Ce passage est clairement plus léger, avec beaucoup d’humour notamment au travers des deux contacts dans ce milieu, campés par John Goodman et Alan Arkin. Argo fuck yourself !
Ce qui fait retomber la tension, tout en insistant bien sur l’importance de la vraisemblance de ce film et sur la minutie nécessaire pour monter un tel projet.
Pourtant le risque de dénaturer le propos du film était présent. Mais finalement, le réalisateur s’en sort avec brio, puisque tout cela permet d’arriver à un final haletant et passionnant.
La dernière partie, est donc ce final et se concentre sur les 6 employés et leur exfiltration. Et cette phase là est d’une efficacité redoutable. La narration, le découpage des scènes, la réalisation, instaurent une tension palpable qui colle le spectateur à son siège. On est ressent l’oppression, le danger de la situation. Tous les éléments posés avant viennent trouver leur conclusion ici. Ce stratagème va-t-il réussir ? La situation va-t-elle s’embraser ?
Ce qui est assez hallucinant, c’est que ce suspense est basé sur des faits dont on connait plus moins l’issu et sur des « petits » rebondissements.
Cet état de fait doit beaucoup à l’interprétation des acteurs, à cette dualité entre les années 70 et la modernité de la réalisation et du story telling, au traitement d’un sujet malheureusement toujours d’actualité, à cette sensation de réalisme quasi documentaire et aussi par une mise en scène efficace.
Pour conclure Argo est une excellente surprise qui se sort avec brio d’un film et d’une histoire, qui entre de mauvaises mains, auraient pu être très casse-gueule. La reconstitution historique et artistique est impressionnante, entre le grain du film, la lumière, mais aussi tous ces petits détails « so 70’s » comme les grosses lunettes, les coupes de cheveux, les habits… on se croirait vraiment revenu à cette époque. Mais en plus, le générique nous montre encore plus le souci du détail du réalisateur, qui a cherché à être très fidèle à ce qu’il s’est passé. Les acteurs ressemblent assez aux vraies personnes, il y a des plans et des images qui rappellent en tout point de vraies clichés photo ou de vraies vidéos de l’époque. Bref, l’immersion est instantanée et réussie.
Mais au-delà de cet aspect, Argo est tout simplement un excellent film, maîtrisé, palpitant et qui sait parfaitement jongler entre différents tons, différentes situations et lieux (Hollywood, cabinet du président, la CIA, et en Iran). Ben Affleck nous prouve qu’il a un vrai talent de réalisateur. Il faudra compter avec lui pour le futur !
Argo n’était pas le film que j’attendais le plus pour cette fin d’année. Pourtant, j’ai réellement beaucoup aimé et il fait parti des meilleurs films que j’ai pu voir cette année. Foncez !
Ce film vous donne-t-il envie d’aller le voir ? Aimez-vous ce genre de film racontant des faits réels
A la base, ce film ne me disait rien, mais finalement, pourquoi pas… 🙂 J’espère que je ne serai pas déçu ! ^^
@Geek up T-shirts : J’étais dans le même état d’esprit, et pourtant j’ai vraiment apprécié.
Tu me diras ce que tu en as pensé.