
Critique du film Ant-Man de Peyton Reed
Ce n’est pas la taille qui compte
Après Avengers :l’Ere d’Ultron, Ant-Man est le deuxième film de l’année pour Marvel Studio. Hasard du calendrier ou non, c’est drôle de voir que le créateur d’Ultron dans les comics ne soit pas mentionné dans Avengers 2 pour ensuite sortir juste après. Avant d’aller voir le film, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Déjà le départ précipité d’Edgar Wright n’est pas forcément bon signe. Ensuite faire de Scott Lang le héros, en lieu et place d’un Hank Pym presque légitime peut faire débat aussi. Et enfin, reconnaissons que le Ant-Man n’est pas le personnage du Marvelverse le plus connu, ni le plus excitant. Voyons donc ce que vaut ce film !
Ant-Man de Peyton Reed, avec Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Douglas… est distribué par Disney et sortira en salles le 14 juillet 2015.
Résumé de Ant Man
Résumé du distributeur :
Scott Lang, cambrioleur de haut vol, va devoir apprendre à se comporter en héros et aider son mentor, le Dr Hank Pym, à protéger le secret de son spectaculaire costume d’Ant-Man, afin d’affronter une effroyable menace…
Pas le personnage le plus connu de Marvel
Je vais être honnête avec vous, j’avais, avant le film, de sacrés doutes sur ce projet. Comme j’ai pu en parler en introduction, plusieurs points suscitaient la méfiance. Mais on peut aussi rajouter à ça un personnage qui n’a pas les pouvoirs les plus vendeurs. Imaginez un peu un homme capable de rétrécir à volonté, mais avec une force prodigieuse, capable également de commander les fourmis. Si certaines craintes ont, malheureusement, bien été présentes, d’autres ont été levées.
Ce Ant-Man a été un peu présenté comme le Ocean’s Eleven du film super-héroïque. Cet argument sent juste bon le marketing, car nous en sommes loin. Il est certes question de vol, de plans détaillés pour y arriver mais c’est un peu tout. Au final ces aspects sont pas assez exploités. On suit donc le parcours d’un Scott Lang, un voleur de fort renommée, gentleman (donc refusant d’user de violence), qui sort de prison après avoir purgé sa peine. Il est accueilli par son pote Luis, qui veut lui proposer un gros coup. Mais Scott, ce père d’une petite fille, refuse de replonger. Mais de fil en aiguille, il se retrouve à cambrioler une somptueuse demeure pour y récupérer le contenu d’un coffre très bien protégé. Mais au final, il ne trouve rien, si ce n’est un costume. Il s’agira au final d’une sorte de test d’Hank Pym, créateur du costume d’Ant-Man et de sa fille Hope. Hank, ce brillant scientifique, veut faire que Lang porte le costume afin d’effectuer un casse. Le but étant de voler le Yellow Jacket, le pourpoint jaune, armure destructrice capable d’être réduit, des mains de Darren Cross.
S’en suit une phase classique de découverte et d’appropriation des pouvoirs conférés par le costume. En parallèle, la fine équipe, va monter un plan pour dérober l’objet convoité. Au final Ant-Man suit un cheminement assez linéaire, une fois le contexte posé. Il n’y a pas réellement de surprises. Même les gros rebondissements n’ont pas l’effet escompté. La faute à une narration grossière.
Tout est amené avec de gros sabots. Au cours de l’histoire, il y a plein d’éléments introduits avec la finesse d’un éléphant ayant de l’arthrite, qui vont servir à la fin. Sans vous spoiler, tous ces éléments sont visibles à des kilomètres, soit avec une scène qui vient se glisser comme ça, sans intérêt, soit un plan appuyé sur un objet, soit des éléments dramatiques qui ne font aucun doute sur le futur. Personnellement, j’ai été gêné par ces points là, car, du coup, on perd tout suspense et ça casse aussi la narration, perdant ainsi en fluidité.
Les événements s’enchaînent sans réelles surprises. Il y a bien quelques caméos, clins d’œil qui font plaisir aux plus ou moins connaisseurs, mais le tout reste assez plat. Parmi les autres points négatifs, je citerais l’humour. Alors, certes, certains passages sont drôles, et on sourit franchement, mais d’autres flirtent avec le lourd. Comme pour les retournements de situation, ça manque de finesse. Le pote de Scott Lang, bien que sympathique, devient parfois lourd, avec notamment des dialogues pas toujours maîtrisés. Il y a également un certain problème dans l’uniformité du style. On sent que le projet a été initié par quelqu’un et conclue par une autre personne. Il y a des passages un peu barré, avec une certaine créativité et d’autres très scolaires. Comme si le film hésitait constamment sur quelle direction prendre. On ne connait pas les tenants et les aboutissants du départ d’Edgar Wright, mais on sent que tout n’a pas pu être, ou voulu être exploité pleinement. D’un autre côté, le film demeure un très bon divertissement familial, qui se regarde même avec plaisir. Il faut simplement le prendre pour ce qu’il est : un divertissement pour toucher un large public.
Il y a, néanmoins, quelques très bons éléments. J’ai par exemple beaucoup aimé la mise en scène lorsque Luis, l’ami de Lang, raconte comment il a été courant pour certaines informations. C’est très drôle, bien réalisé. On s’amuse d’entendre sa voix sur d’autres personnages. Le principe est excellent et bien maîtrisé. Cela permet de faire passer un passage qui pourrait être inintéressant en quelque chose de fun et d’original. J’ai également apprécié l’utilisation des pouvoirs d’Ant-Man. A l’écran, j’avais peur du ridicule, mais ça rend franchement très bien. Certaines scènes sont spectaculaires, jouant bien sur les possibilités offertes par la petite taille et par l’alternance taille fourmi/ taille normale. Il y a quelques scènes de grande maîtrise, où le spectateur en prend plein les yeux. Il y a également plein de petites trouvailles sympathiques au cours du film, avec de bonnes idées derrière, mais qui ne se poursuivent pas dans le temps.
A noter aussi, quelques caméos bienvenus. Je pense à une scène, avec un personnage déjà connu, non annoncé lors de la promo, qui s’avère être très sympathique, et qui va au-delà du simple caméo. Je vous laisse la surprise sur l’identité de ce personnage et le contenu de cette scène.
Paul Rudd fait un Scott Lang/ Ant-Man convaincant. Ce rôle lui va bien, même si je ne retrouve pas forcément le Scott Lang que je connais (mais c’est plus la caractérisation qui fait ça, que l’interprétation). Mais je ne peux m’empêcher de regretter le choix de Scott à la place d’un Hank Pym qui aurait plus sa place dans le Marvelverse (ne serait-ce que pour son génie scientifique). Michael Douglas est crédible en mentor, gardien de sa création, tiraillé entre son invention, sa relation difficile avec sa fille et la perte de sa femme (oui car on fait bien allusion à Janet). J’ai eu plus de mal avec Evangeline Lilly, dans le rôle de Hope Van Dyne. Sa coupe ne passe définitivement pas. Elle fait moumoute, et jamais on ne croit à ce personnage. Et Lilly ne l’aide pas à aller au-delà de la place mineure qui lui revient.
Pour conclure, Ant-Man n’appartient pas au haut du panier des productions Marvel Studios. Son scénario manque de finesse et de profondeur, avec des éléments très mal introduits. La réalisation et plus globalement le film nage entre deux eaux, entre l’envie de proposer du fun, et celle de rester très sage et académique. En résulte un film inégal dans l’esprit. Pourtant Ant-Man remplit son but premier, à savoir divertir. Il y a beaucoup de scènes spectaculaires, qui utilisent très bien les pouvoir de Ant-Man. L’humour fonctionne aussi parfois, avec quelques bonnes idées. Ce film réussit bien, à la fois, de s’inscrire dans le Marvelverse cinématographique, via un caméo et quelques éléments, tout en étant assez indépendant. Un film plus que correct mais loin des meilleurs productions Marvel ! A noter qu’il y a deux scènes de fin, et qu’elles sont intéressantes sans être dingues non plus. Restez donc bien après le film.
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