
Critique du film 300 : la naissance d’un empire de Noam Murro
Un autre film dans l’univers de 300
La naissance d’un empire est le titre donné à ce nouveau film dans l’univers de 300. Le premier film, réalisé par Zack Snyder et sa patte visuel bien marquée, n’était pas exempt de tout reproche. Mais il y soufflait un vent épique, gorgé de testostérone et d’effluves de sang et de sueur. Le tout avec un visuel léché, mâtiné d’un peu de fantastique.
Ce nouveau film est difficilement étiquetable. Il ne s’agit pas techniquement d’un préquel, d’un séquel ou d’un spin-off. L’histoire se situe à peu près en même temps que la bataille enragée de Léonidas et de ses 300 spartiates.
Qu’en est-il de cette suite ? Arrive-t-elle au moins à égaler le film de Snyder ?
300 : La naissance d’un Empire (300 : Rise of an empire en VO) de Noam Murro, avec Sullivan Stapleton, Eva Green, Rodrigo Santoro… est distribué par Warner Bros et sort dans nos salles le 5 mars 2014.
Synopsis de 300 : la naissance d’un Empire
Résumé :
Le général grec Thémistocle tente de mobiliser toutes les forces de la Grèce pour mener une bataille qui changera à jamais le cours de la guerre. Il doit désormais affronter les redoutables Perses, emmenés par Xerxès, homme devenu dieu, et Artémise, à la tête de la marine perse…
Difficile de passer après Zack Snyder !
Cette suite (enfin si on peut l’appeler ainsi) de 300 était ambitieuse et casse-gueule. En effet, le film de 2007 joue déjà avec le feu, sans parvenir à se brûler trop. Zack Snyder avait réussi à imposer un divertissement 100% testostérone, pas fin pour un sous, mais terriblement divertissant et jouissif, même si primaire. Le réalisateur se faisant un nom sur ce film, grâce à ses ralentis, ses gerbes de sang et avec une identité visuelle unique. La logique voulait que Noam Murro garde cette patte indissociable de l’univers 300. Sauf que c’est hyper risqué. Le dosage de ces éléments en serait la clé.
Mais force est de constater que le nouveau réalisateur n’est pas Zack Snyder. Là, il ne fait que le singer, en usant des astuces que Snyder avait imposé mais sans avoir la maîtrise. Déjà que le style Snyder ne plait pas à tout le monde, mais celui de Murro encore moins. Tout est prétexte à un ralenti, suivi d’un passage en vitesse normal, puis un ralenti pour finir par un geyser de sang. Je caricature mais à peine. Le réalisateur abuse trop de ses effets. Le slow motion perd alors tout impact, et n’imprime pas d’identité au film tant c’est fait avec lourdeur.
Il en est de même avec les hectolitres de sang, la violence brute. Snyder arrivait à doser ça. Chaque moment plus violent, apportait quelque chose. Soit cela montrait la combativité et l’excellence guerrière des Spartiates, soit la cruauté des perses ou encore pour montrer le côté jusqu’au-boutiste de Léonidas. Dans ce 300 : La Naissance d’un Empire, c’est souvent gratuit et inutile.
Globalement, on sent la dilemme chez Noam Murro de coller au premier 300, mais en même temps de s’en écarter un peu. Un positionnement un peu bâtard. Ainsi, le réalisateur utilise donc les astuce de Snyder, le type de narration, mais aussi quelques très courts passages de 300. il multiplie les caméos plus ou moins habilement et essaie de s’appuyer sur l’histoire de la Bataille des Thermopyles pour donner du sens à son scénario. Mais au passage il perd son souffle épique. Ce Themistocle, malgré toutes les punchlines pour lui, ses actes de bravoures , n’arrive pas à atteindre le charisme d’un Léonidas ou d’un Spartiate.
Mais d’un autre côté, il essaie d’apporter quelque chose de différent. Déjà, le corps à corps est un peu oublié pour faire place à des batailles maritimes gigantesques. En découle, un coté moins bourrin et plus tactique, même si on retrouve de grandes batailles, lance à la main, bouclier de l’autre. Ensuite, il introduit un personnage féminin assez réussi en la personne d’Artémise, campé par une Eva Green convaincante en cet antagoniste, aussi belle que redoutable et cruelle. Ce personnage est un peu travaillé et apporte une touche de nouveauté (Themistocle étant juste un Leonidas, un peu plus stratège).
Dernier point, c’est dans l’identité visuelle. Celle-ci joue plus sur le bleu plutôt que le jaune.
Par contre j’ai trouvé que le film s’est planté sur d’autres aspects. Les dialogues, grand discours sont pompeux au possible. Les tentatives ratées de punchlines font pschit la plupart du temps. La volonté est d’essayer de rendre iconique Themistocle. Sauf que c’est fait aux forceps et ça se voit. Résultat, on ne ressortira pas de phrases cultes comme on pu l’être les « Tonight, we dine in hell » ou autre « This is Sparta ! ».
A noter aussi une scène de sexe partant d’une bonne idée mais complètement gâchée par une volonté de montrer du boobs ! Presque risible.
Pourtant malgré ses défauts évidents, presque prévisibles, 300 : la naissance d’un empire reste une divertissement plaisant à défaut d’être enthousiasmant. Les scènes de bataille sont spectaculaires, intéressantes et avec son lot d’action. La présence de Artémise apporte quelque chose et son duel avec Themistocle est le ciment de ce film.
Même s’il n’y a pas le panache du premier 300, si on le prend comme un divertissement, très premier degré, ça reste plaisant. Mais il faudra faire un gros effort pour oublier les défauts.
Pour conclure, 300 : la naissance d’un Empire de Noam Murro est un peu le film attendu. Très honnêtement, il est mieux que ce que je redoutais, mais clairement pas au niveau du premier 300. La faute principale à un positionnement bâtard, à cheval sur plusieurs objectifs. Ainsi Noam Murro ne sait pas s’il doit faire du Snyder bis, s’en détacher. Ne sait pas si tout doit être très premier degré, ou au contraire d’assumer un petit côté série B. Il ne sait pas non plus comment se positionner dans la frise chronologique. Est-ce un spin-off ? un séquel ? un préquel ?
Il ne sait même pas si c’est un film sur Themistocle, Xerxès, Artemise ou sur la Grèce dans son ensemble. Du coup, tout est un peu maladroit, un peu dans la surenchère, parfois le mauvais gôut et le pompeux.
Pourtant, il y avait moyen de faire quelque chose de sympa. car l’aspect divertissement , bourrin et masculin dopé aux hormones est là. Mais le scénario est trop absent !
A singer Zack Snyder, et à vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, il perd la singularité de 300 : l’épique, la dimension iconique des Spartiates et du plaisir primaire presque régressif.
Dommage !
Et vous qu’avez-vous pensé de ce film ? Trouvez-vous aussi que Murro fait du Snyder au rabais ? Le film vous tente-t-il?