
- Scénario
- Graphisme
Bunny – Livre I de Jean-Gaël Deschard et Juliette Fournier
Un étrange spécimen
Aujourd’hui, nous nous pencherons sur une BD un peu différente de ce que l’on trouve d’habitude sur Fant’Asie. Ni comic, ni manga, je vous parlerai d’une BD française, dans un format tout à fait franco-belge. Pour tout dire, je ne connaissais pas cette BD, et Kameyoko m’a proposé de chroniquer Bunny, paru chez un éditeur peu connu : EP Editions pour Emmanuel Proust Editions. Après avoir parcouru le synopsis, je me suis laissé convaincre et j’ai donc accepté la tâche. L’histoire d’une jeune femme livrée à elle-même sur une île prison où l’argent est au cœur du débat, pourquoi pas ! De plus, le dessin style manga de la couverture m’a intrigué. Alors quelle est la qualité de cette BD ? La collection Atmosphères d’EP Editions se veut comme étant créatrice de BDs originales et imposant peu de contraintes aux auteurs. Ces derniers ont-ils réussi à s’exprimer et à nous fournir quelque chose de concluant ?
Ne pouvant classé cette BD dans la section comics, et trouvant beaucoup de similitude avec le monde du manga – malgré mes très (trop) peu nombreuses lectures japonaises – je me suis donc dis que ça place serait surement dans la section manga du site.
Bunny – Livre I de Jean-Gaël Deschard et Juliette Fournier, édité chez EP Editions, est disponible en librairie depuis le 14 Février 2013.
Résumé de Bunny chez Emmanuel Proust Editions
Sur cette île prison au règlement bien étrange : l’argent est érigé en valeur morale. La jeune et oisive Moi devra s’endurcir pour survivre parmi les marginaux et les criminels. Comment fuir cette île à l’apparence paradisiaque qui devient un véritable enfer ?!
Un format manga
Malgré tout, j’ai du mal à associer Bunny à de la BD franco-belge… Le format n’est pas manga, et pourtant j’y retrouve beaucoup de codes. Je ne suis pas expert en matière de manga, mais je ne vais pouvoir me retenir de comparer Bunny à un manga…
Tout d’abord la thématique. L’histoire d’une jeune femme que son père, milliardaire, va envoyer sur une île-prison pour s’endurcir et apprendre le sens du travail, de l’argent, de la vie. La seule manière de sortir de l’île est de réunir 50 000 Destas, l’argent local. Il y a différente manière de gagner de l’argent : en travaillant à l’usine, en jouant au Casino, en tuant des gens endettés… Beaucoup de règles existent dont les plus importantes : tuer une personne endettée vous donne l’équivalent en positif… Un système très Battle Royale, ou tout autre manga type Hunter X Hunter, avec un objectif très précis, dans un monde clos, avec des règles cachées. Jusque-là, tout va bien. Amateur de manga, cela va vous plaire.
Autre aspect manga frappant : je n’ai pas compté le nombre de cases où l’on voit la culotte de notre héroïne en mini-jupe tout au long de l’album. Ce n’est pas pour me déplaire, mais c’est à mon sens une caractéristique très manga et je ne citerai que Soul Eater pour exemplifier ceci. Quant au tatouage du petit lapin, symbole au cœur de l’intrigue, je pense qu’il n’y a rien à ajouter quand à l’aspect typiquement asiatique de ce genre de petit dessin.
Graphiquement, on est sur quelque chose qui fait penser aux mangas mais uniquement sur les visages des personnages et les tenues vestimentaires (notamment de l’héroïne et de sa sœur qui n’est vêtue que de rose…). Sur le trait en lui-même, on s’éloigne énormément des traditionnels trames et coups de pinceau, noir et blanc et compagnie, propre aux dessins du manga japonais. Jean-Gaël Deschard nous propose ici un dessin particulièrement dénué de vie, lisse et plat, tout cela à cause d’un dessin qui semble informatisé comme on en voit de plus en plus. Si certains artistes, malgré ce travail « électronique » arrive à donner une âme et un caractère très personnel à leur dessin, ce n’est pas le cas de Deschard, en tout cas avec son travail sur Bunny.
On se laisse malgré tout embarquer dans l’histoire et on arrive à faire abstraction du dessin qui n’est pas non plus à s’arracher les yeux. Beaucoup de mystères planent : le symbole du lapin, la réelle présence sur l’île de l’héroïne, comment réunir les 50 000 Destas ? On a envie de découvrir et de suivre les aventures de cette jeune femme dans cet enfer mais la limitation de deux tomes me laissent perplexe quant à la qualité du dénouement… A voir. En attendant, si l’histoire est prenante, elle n’en reste pas moins vraiment simpliste par moment. Des dialogues peu prenants, presque enfantins sur fond de moralisation à deux francs six sous : il faut travailler dans la vie si tu veux gagner de l’argent, rien n’est dû. D’accord, mais dites nous quelque chose qu’on ignore !
Le personnage de Mio, l’héroïne, est plat, peu intéressant, énervant même par son côté enfant gâté. Quant au reste des personnages, il ne s’agit guère bien plus que de personnages secondaires qui sont à peine développés. Des personnages en surface, une thématique sans originalité et un dessin peu convaincant, voilà une bien triste recette.
Pour conclure, Bunny reste une BD agréable à lire, divertissante mais dont on ne retire pas grand chose. Deschard et Fournier nous proposent une espèce de fausse dénonciation des riches de la société dont les enfants oisifs profitent du portefeuille des parents et sont incapables d’imaginer même pouvoir faire un travail avec le commun des mortels. Le sujet est bien peu passionnant et traité avec une grande naïveté. L’ensemble est indéniablement inspiré du pur style japonais, ce que je trouve plutôt original pour le coup. Cette approche est le petit côté positif, car si le tout manque d’originalité, il est intéressant que des auteurs francophones s’attaquent au genre. Ceci dit, je pense qu’ils sont malheureusement passés à côté et que la limite de deux tomes ne se prêtent pas à ce type de récit.
Et vous ? Avez-vous aimé Bunny ? Pensez-vous que cette BD française correspond à de nombreux égards aux codes du manga japonais ?
Autant pour moi, comme quoi il faut pas trop se fier a la couverture d’une BD, au début je me suis dis que 2 étoiles pour cette BD c’était un peu abusé voir un peu dur comme notation, mais je me suis ravisé après avoir lu un extrait de 6 pages (5 pages en réalité car il y a 2 pages identiques) proposé sur ep edition, les dessins en couleurs sont un peu plat, des défauts dans les proportions de la tête de l’héroïne sur certaines pages sont flagrants, BD de 64 pages seulement pour un one shot , cela fait très peu pour développer l’univers et l’ambiance de l’ ile . Autant le faire en noir et blanc et mettre plus de pages. Les one shot des manga font environ autour des 150 a 200 pages en moyenne pour les histoires courtes et on arrive a peine a installer le décore et l ambiance , mais ici 64 pages couleurs c’est vraiment trop peu surtout s’ils veulent sortir en 3 livres …
D’ailleurs j’aimerais savoir en combien de livres , il compte sortir ?