
Critique True Detective – Saison 1
La dernière série phare d’HBO
Toute nouvelle série de HBO est forcément attendue au tournant tant la chaîne nous a habitué à sortir de petites perles. Et ce True Detective ne déroge pas à la règle et a suscité beaucoup d’intérêt. Ce n’est pas pour rien s’il faisait parti des favoris des Emmy Awards de cette année (même si Breaking Bad a tout raflé).
En plus, nous avons la chance que le DVD/ Blu Ray sorte en France peu de temps après la fin de la diffusion (enfin tout est relatif hein 😉 )
True Detective – Saison 1 de Nic Pizzolatto avec Matthew McConaughey et Woody Harrelson a été diffusé sur HBO dès Janvier 2014. La série est maintenant disponible en Blu ray / DVD depuis le 11 juin 2014, et c’est édité par Warner Bros.
Résumé de Tru Detective – Saison 1
Résumé de Warner :
Interrogés par les autorités, Martin Hart et Rust Cohle se remémorent leur enquête la plus célèbre. Pour ces ex-partenaires de la Division des Enquêtes Criminelles de Louisiane, tout a commencé 17 ans plus tôt… En 1995, Dora Lange, une prostituée, est découverte atrocement assassinée ; la mise en scène du cadavre laisse penser qu’un tueur en série aux rituels occultes sévirait en Louisiane. Dès lors, la traque de l’assassin devient une véritable obsession pour Martin et Rust, au risque de détruire leurs vies privées.
Enquête sordide en Louisiane
True Detective est la dernière série qui a enflammé la toile, récoltant éloges et déclarations d’addiction. Il faut dire que la série imaginée et écrite par Nic Pizzolatto avait de quoi susciter beaucoup d’espoir. Tout d’abord, elle a été diffusée sur HBO. Déjà rien que ça c’est signe de qualité. Ensuite, cette dernière a mis pas mal de moyen pour promouvoir son nouveau bébé. A cela on peut rajouter un casting 4 étoiles avec Matthew McConaughey oscarisé pour Dallas buyers club, mais que l’on a déjà vu dans Mud : sur les rives du Mississipi, En Direct sur EdTv ou encore Killer Joe. Il est accompagné par Woody Harrelson (Bienvenue à Zombieland, Larry Flint, Tueurs nés…).
Et le visionnage de la saison confirme cette impression que c’est une série qui sort du lot, même si je ne partage pas totalement la hype autour.
Tout débute, dans le bayou de la Louisiane en 1995. Marty Hart et Rust Cohle enquête sur l’assassinat d’une jeune femme coiffée de bois et avec des signes faisant penser à un rituel obscur voir satanique. Ils vont mener leur investigation, jusqu’à explorer les tréfonds de l’âme humaine. Mais cette enquête va impacter leur vie professionnelle et personnelle.
On retrouve ce duo d’inspecteurs en 2012, chacun interrogé séparément sur les événements de cette année 1995.
Sur ce synopsis, HBO a concocté une oeuvre marquante, avec une vrai personnalité, un ton qui diffère de la production actuelle. Ecrite par Nic Pizzaloto et réalisé par Cary Joji Fukunaga, True Detective se distingue par plusieurs aspects : la qualité de sa réalisation, de sa photographie, ses personnages torturés, sa gestion des différentes époques et un récit maîtrisé.
Tout d’abord, il faut souligner le travail derrière la caméra de Cary Joji Fukunaga. La série est superbement réalisée par ce dernier, avec un sens de la mise en scène, une recherche de l’esthétisme qui se voit à l’écran. Il y a de très beaux plans (dont certains plans séquences de qualité), une superbe photographie qui nous fait presque ressentir la moiteur et la chaleur de la Louisiane. Cela colle bien aussi avec l’aspect sombre et presque mystique des meurtres.
Ensuite, True Detective se distingue par l’incroyable interprétation des deux acteurs : Woody Harrleson et Matthew McConaughey, avec une mention toute particulière pour ce dernier. Il faut dire que ces personnages sont incroyablement bien travaillés et caractérisés. Ils sont profonds, nuancés, avec des vraies blessures. Leur évolution dans le temps, au fil des épisodes, est bien retranscrites. Le spectateur est capable d’identifier l’époque rien qu’à la vue du personnage et son état d’esprit du moment. Que ce soit en 1995, 2002 ou 2012. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le Rust de 2012, complètement ravagé, à la limite d’être une loque humaine et de le comparer à celui de 95.
Matthew McConaughey est saisissant dans son interprétation du très difficile à cerner Rust. L’acteur est exceptionnel dans son interprétation de ce père ravagé, maintenant vivant seul, jusqu’au boutiste avec ses réflexions mystiques et philosophiques. Pendant les 8 épisodes de cette saison, on le sent sur le fil du rasoir, toujours à la limite de basculer ou de se suicider. On se demande même qu’est-ce qui le maintient en vie si ce n’est son obsession pour cette enquête.
Si le personnage de Woody Harrelson est moins puissant, il n’en demeure pas moins bien intéressant. Il est celui qui est le plus terre-à-terre, capable de maintenir Rust dans la réalité. Mais Marty a quelques gros défauts et a du mal à vivre sa vie personnelle, tout en faisant ce métier. Sa vie amoureuse et familiale est centrale dans le récit et montre bien la complexité du personnage.
Ce qui fait également le sel de ces personnages c’est leur relation, jamais amicale, mais pourtant profonde et complexe. L’arrivée de Rust va complètement chambouler la vie de Marty. Le téléspectateur va suivre avec intérêt l’évolution de cet duo au cours du temps, en fonction des différentes péripéties. Néanmoins, ces deux personnages sont tellement forts et crèvent tellement l’écran qu’ils en éclipsent les autres personnages. Même Michelle Monaghan et son personnage de Maggie peine à trouver une place.
True Detective vaut le détour dans sa narration. Même si, je dois l’avouer, j’ai eu du mal à rentrer dans cette série tant louée. Il m’a fallu attendre le 3ème épisode pour que je rentre pleinement dedans. La faute à une narration lente, presque contemplative, des dialogues parfois pompeux et des réflexions mystico-philosophiques qui ralentissent encore plus le tempo. Mais finalement, à force, ce sont ces points-là qui font la personnalité de cette série.
True Detective devient ensuite addictif grâce, entre autres, à la gestion des différentes époques, notamment par la biais des interrogatoires de 2012, sur les événements de 1995. On se demande pourquoi ces interrogatoires, et qu’est-ce qui a amené, notamment Rust, a tant changer. Puis, plus on avance, plus on est intrigué par la tournure des événements et les différences entre les faits et la version officielle. Cet état de fait connait son apothéose dans la fin de la première partie, marquant la fin de l’époque 1995 (sans trop spoiler).
Ces différentes lignes temporelles montrent bien tout l’impact de cette enquête sur nos protagonistes, tout en servant de liant et de fils conducteurs. C’est cette structure de narration qui fait que True Detective est une bonne série.
Car, honnêtement, bien que l’intrigue soit parfaitement ficelée, avec une exploration sordide de l’âme humaine, elle ne transpire pas l’originalité non plus. Au final, il s’agit juste de meurtres sordides, à tendance mystique. Mais Nic Pizzolatto nous propose néanmoins une enquête passionnante, avec beaucoup de mystères, d’éléments qui se recoupent et des ramifications dont on n’a pas idée. Le tout jusqu’à une fin de saison où tout s’explique.
Personnellement, j’ai trouvé la dernière piste, permettant d’amener aux événements de fin (le portait du tueur aux oreilles vertes, pour ceux qui l’ont vu), facile et sortie de nulle part.
Dernier petit détail, bien que n’étant pas un ayatollah de la traduction, j’ai vu quelques approximations ou, du moins, des choix discutables, notamment dans des « fuck » pas toujours bien retranscris.
Pour conclure, même si j’ai beaucoup apprécié ce True Detective – Saison 1, j’ai du mal à trouver justifié l’engouement et la hype autour. Cela reste une très bonne série à voir, qui marquera 2014 et vraiment de qualité. Mais au final, le rythme est très lent (même si ça s’accélère au fur et à mesure des épisodes), les pensées philosophiques de Rust peuvent décontenancer et surtout on se retrouve avec une enquête policière, à la narration exemplaire, mais qui ne sort pas tant que ça des sentiers battus. Mais les qualités inhérentes à ce titre, comme la complexité des personnages, l’interprétation des acteurs, la narration, la gestion des époques et la réalisation font que True Detective est un autre titre majeur de HBO. Mais il n’est pas aussi révolutionnaire que c’est que j’ai pu lire sur cette série.
Et vous qu’en avez-vous pensé ? Partagez-vous cette hype et toutes ces louanges dithyrambiques ?