. Blade Runner de Philip K Dick | Fant'asie
Kameyoko 27/05/2009 14

Blade Runner - livre de Philip K. Dick

Blade Runner de Philippe K. Dick

Livre SF connu aussi sous « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? « 

Depuis peu, j’ai décidé d’éviter d’enchaîner deux tomes d’une même saga de fantasy. Depuis, je lis donc un roman entre, soit un livre fantasy en « one shot » soit un livre de Science-fiction, comme je l’ai fait avec Je suis une légende de Matheson. Un des auteurs phares de la SF est Philip Kindred Dick plus communément appelé Philip K. Dick. Cet auteur est connu comme ayant un univers bien particulier et barré avec des livres souvent presque hallucinatoires mais aussi, souvent excellents. Pour commencer avec ce romancier, j’ai débuté soft avec ce Blade Runner (Do Androids Dream of Electric Sheep?) plus facile d’accès et ne faisant que 250 pages.

La première chose à signaler avant de débuter cette critique est que je n’ai pas vu le film (plutôt je ne m’en rappelle plus), donc je ne ferais pas de comparaison. Bien que de ce que j’ai pu lire c’est quand même assez différent.

Résumé du livre Blade Runner

Commençons avec un petit résumé que j’ai honteusement pompé sur Wikipédia, mais faut reconnaître qu’il est pas mal fait du tout :
La Terre, dévastée par une guerre nucléaire, n’est plus habitée que par les rares humains qui ont choisi de ne pas émigrer sur Mars.
La plupart des espèces animales ont disparu dans le cataclysme si bien que leur simple possession est devenue, non seulement un signe de richesse, mais également une source de bien-être pour des Terriens vivant isolés.
Rick Deckard est l’un de ces hommes qui continuent à vivre sur Terre. Chasseur d’androïdes (blade runner), il rêve de remplacer son mouton électrique par un vrai. Aussi, lorsque son supérieur lui apprend que des androïdes Nexus 6 se sont illégalement enfuis de Mars vers la Terre, il espère aussitôt que la récompense offerte pour leur capture va lui permettre de réaliser son rêve.
À l’aide du test de Voigt-Kampff, basé sur l’empathie, Rick Deckard entreprend alors de démasquer les androïdes fugitifs. Il se rend tout d’abord chez Rosen, le fabriquant des androïdes Nexus 6, qui ne croit pas en l’efficacité du test de Voigt-Kampff. Afin de mettre celui-ci en défaut, il demande à Rick Deckard de réaliser le test sur sa nièce, Rachel Rosen.
En réalité cette dernière n’est autre qu’un modèle « Nexus 6 », mais Deckard découvre la supercherie grâce à son expérience. Pourtant, il ne retire aucune satisfaction personnelle de cet épisode et s’interroge en voyant la détresse de Rachel.
En accomplissant sa mission, Rick Deckard n’aura de cesse de se demander ce qui différencie l’Homme de l’androïde et ce qui fait son humanité.

« Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?  » : un titre loin d’être ridicule.

Ce livre de 1966 est considéré comme beaucoup comme un grand classique de la littérature de Science-Fiction. Le film du même nom réalisé par Ridley Scott en 1982 est lui aussi considéré comme un chef d’oeuvre de la SF. Pourtant, apparemment, les deux sont assez différents. Le film étant une libre inspiration du livre.

Autant le dire de suite, Philip K. Dick fait honneur à sa réputation. Bien que « soft » Blade Runner est quand même assez « spécial ». L’atmosphère décrite est assez glauque et sombre du fait de la description de l’état de la Terre après la guerre. L’auteur glisse des concepts et des appareils assez étranges parfois loufoques. De même, il change un peu les aspirations des hommes avec des concepts intéressants et originaux.

On peut citer par exemple l’importance de posséder un animal vivant aussi ridicule soit-il. Dans ce roman, posséder un mouton, une chèvre, un crapaud c’est trop la classe et c’est presque un signe de réussite social. L’orgue d’humeur et le Mercerisme sont des concepts assez intéressants et qui démontrent, là encore, l’imagination fertile de l’auteur.

Concernant le scénario j’ai été déçu. Au final il n’y a presque rien. Il n’y a pas de retournements de situation, peu de surprises, un rythme assez lent. Mais l’intérêt du roman ne se situe pas dans le déroulement de l’histoire mais bien dans l’univers imaginé par Dick, dans les thèmes abordés et les questions soulevées par le héros Rick Deckard.

On peut relever 3 thèmes principaux dont deux très fortement liés : la différenciation hommes/ androïdes, l’empathie et enfin la sauvegarde de la vie.

Commençons par ce dernier qui est peut être le moins pertinent.

Sauvegarde de la vie

On retrouve cette thématique en arrière-fond dans ce roman. Tout d’abord, dans le monde où se déroule l’histoire, la vie est devenue rare. Que se soit les animaux qui sont en voie d’extinction ou que se soit les hommes qui fuient vers Mars, les deux sont en déclin. Le vide, la saleté, la mort prend lentement mais sûrement le pas sur la vie. Le monde est amené à disparaitre. De ce fait toute forme de vie est précieuse et tous les humains ont une farouche volonté de vivre dans ce monde (même s’ils sont désabusés). Les humains ont aussi le besoin d’avoir un animal vivant pour se sentir en vie.

Les androïdes quant à eux, bien qu’inhumains ont un réel désir de vivre. Même traqués par les Blade Runners ils vont essayer de vivre une vie normale et sont prêt à la défendre.

Différenciation humains/ androïde

C’est le thème du livre, le grand questionnement du héros. Avec l’apparition du modèle Nexus-6, il est quasi impossible de distinguer un homme d’un androïde. Seul le test dit de Voigt-Kampff, basé sur l’empathie, semble fonctionner. Les androïdes sont programmés pour avoir des émotions, avoir des réactions sensées et bien évidement ressembler à un humain. La frontière est d’autant plus ténue que certains Hommes révèlent peu de sentiments ou d’émotions (comme la femme de Rick) et qu’il est possible de se programmer des émotions grâce à l’orgue d’humeur.

En plus il existe une « caste » d’hommes appelés « spéciaux » qui rendent encore plus difficile l’identification des androïdes

La seule source de différentiation réside dans l’empathie envers les formes de vie que n’ont pas les androïdes (d’où le titre original : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?).

Mais plus on avance dans le roman plus l’Homme tend vers la machine et plus les robots s’humanisent.

Je ne sais pas si c’était voulu par l’auteur mais plus on progresse dans le livre, plus on se pose des questions sur Rick Deckard. On ne sait pas s’il est humain, ou s’il peut être un Androïde et ce surtout après sa rencontre avec Phil Resch.

Empathie

Comme expliqué plus haut, l’empathie est la seule chose qui permet de différencier les Nexus-6 des humains. Donc dans la traque du Blade Runner, cette « qualité » va donc être centrale d’autant plus qu’elle n’est pas forcément 100% fiable.

L’autre élément faisant intervenir l’empathie est le Mercerisme. En saisissant les poignées d’un appareil, l’utilisateur se trouve projeté dans un monde en compagnie de Wilbur Mercer. Il doit sortir du tombeau et grimper jusqu’au sommet pendant qu’on lui jette de temps en temps des pierres. Durant ce trajet l’utilisateur est relié aux autres créant une immense empathie entre eux.

L’empathie est aussi au coeur même des questionnements du héros depuis sa rencontre avec Rachel Rosen puis amplifiés après sa rencontre avec Phil Resch, autre Blade Runner mais qui conçoit son métier différemment.

Notamment Rick se demande si c’est humain de ne rien ressentir quand il met hors service un robot. Est-ce normal de ressentir de l’attirance pour un androïde femelle?

Philip K. Dick en 250 pages arrivent vraiment bien à développer son background, univers et surtout proposer des réflexions intéressantes sur l’empathie, la vie, et ce qui différencie humains/ robots.

Néanmoins, si on enlève ces réflexions, le scénario est creux et le personnage principal n’a que peu de charisme.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce titre. Il y a vraiment des choses intéressantes notamment dans les thèmes abordés, mais je n’ai pas été séduit plus que ça. Ce n’est pas non plus un livre quelconque mais ce n’est pas le chef d’oeuvre auquel je m’attendais. Foncièrement bon livre mais grosse déception quand même.

Un livre et un auteur à part qui pourra vous toucher …… ou pas!

Et vous qu’en avez-vous pensez? Avez-vous été sensible aux questionnements de Deckard?

D’autres en parlent :

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14 commentaires »

  1. Seraf 28/05/2009 at 12:28 -

    J’ai l’impression d’entendre mon père XD. Ce n’est pas forcement une mauvaise chose mais lui aussi a tendance a reprocher a mes livres de « ne pas avoir assez d’action / de scénario ». Je ne sais pas si ca vient de tes/ses habitudes de lectures mais en tout cas la critique semble etre récurrente.

    Blade Runner est un de mes films cultes, avant d’etre un de mes livres cultes. Blade Runner, c’est la base du cyberpunk, c’est une ambiance, c’est limite du post-apo. Et en effet c’est plus pour l’ambiance et la critique de la societé que j’aime ce livre que pour les rebondissements. Les actions sont un peu mises de coté au profit des interrogations de Rick et de son « parcours initiatique ».

    Je te conseillerais quand meme le film, parce que je l’adore XD.

  2. Entropik 28/05/2009 at 12:47 -

    Tout comme Seraf’ j’ai plus ou moins entendu dire la même chose sur Philip K. Dick. Ses univers bien travaillés mais des histoires creuses. Ne l’ayant jamais lu, je vais peut-être m’y pencher à l’occasion. Je n’aime pas louper les « incontournables ».
    Mais a priori, à la lecture de ta critique, c’est possible que j’ai le même sentiment que toi. J’aime quand l’univers, l’histoire et les personnages sont fouillés et pas l’un au détriment de l’autre. A noter dans ma LAL.

    D’ailleurs, j’ai vu Minority report y’a peu, un très bon film.

  3. Kameyoko 28/05/2009 at 16:08 -

    @Seraf’ : Ca vient probablement de moi et de mes lectures. L’abus de fantasy sûrement. Comme je le disais dans cette critique, l’intérêt c’est dans l’univers et les thèmes. Par contre j’ai oublié de parler de la critique de la société à mettre en rapport avec les craintes à l’époque de la sortie du livre 😕
    @Entropik : Je pense que Dick a un univers qui ne touchera pas tout le monde. Pourtant clairement il y a du génie. Faut juste y être sensible. Et puis à 250 pages ça coute rien de se lancer

  4. El Jc 30/09/2009 at 21:12 -

    Merci de ton intervention su ma chronique. J’ai indexé ta chronique sur la mienne de manière à « croiser les effluves » ;o)

    Dick est un grand monsieur de la SF, plus je découvre son oeuvre et plus je l’apprécie !

  5. Kameyoko 01/10/2009 at 10:32 -

    @El Jc : J’ai rajouté aussi ta chronique dans ce billet.

    Je n’ai lu que ça de Dick qui est pourtant un de ces oeuvres les plus accessibles. Pourtant, j’ai trouvé son style particulier.

    J’ai Ubik dans ma bibliothèque que je dois lire

  6. El Jc 01/10/2009 at 20:00 -

    Avec Ubik tu devrais passer un très grand moment !

  7. alboletono 09/03/2010 at 17:35 -

    Ca K. Dick, faut aimer 🙂
    Un de ses grands thèmes, c’est surtout la paranoïa ! Et dans Blade Runner, on ne sait plus ce qui définit un androïde d’un humain. C’est relativement déroutant et il faut aimer se triturer les méninges. Après, il ne s’agit qu’une de ses nouvelles (ou courts romans) parmi tant d’autres.

    D’autres titres peuvent également t’intéresser rien qu’en connaissant les films : « Minority Report », « Next », « Paycheck », « Total Recall », etc…

    Ce que j’aime chez cet auteur c’est que, même si on ne peut pas parler réellement d’un cycle dans un monde unique il y a énormément de choses récurentes :
    – l’exploration de la mort (avec ubik par exemple)
    – l’exploration des pouvoirs psychiques (Minority Report et plein d’autres)
    – et une sorte de monde en toile de fond avec des planètes colonisées, exploitées et vidées de leurs resources (total recall, docteur futur)

    Bref, avec Ubik, si tu aimes, tu vas accéder à quelque chose de bien « barré ». Et dans un genre « barré », toujours si tu aimes, tu as « Le dieu venu de Centaure ».

    Bonnes lectures, sf, fantasy, ou manga !

  8. JFK 03/05/2010 at 09:57 -

    Suite à la lecture du livre, intervenue peu après ta présentation sur le blog, j’ai vu il y a peu le film. Le livre est déroutant, et je trouvais certains points assez flippant (différence entre humain et androïde, les animaux….super bizarre ça). Il est vrai que l’histoire ne casse pas des briques, mais par contre on se laisse vraiment embarquer dans le monde.

    Le film, bien qu’un peu différent dans le scénario, ressort tout à fait l’atmosphère du livre. J’ai vraiment beaucoup aimé, on se sent transporté dans un autre monde, pas forcément le monde le plus agréable. Et mention pour la musique de Vangelis.

    Au final, je suis assez tenté de lire d’autres de ses oeuvres, Minority Report en particulier (vu que j’avais bien aimé le film)

  9. El Jc 03/05/2010 at 19:50 -

    Je te conseille également fortement « Ubik » et « Substance Mort » 😉

  10. Kameyoko 04/05/2010 at 09:49 -

    @JFK : Personnellement, je n’ai jamais vu le film en entier. Faudrait que je tombe dessus un de ces quatre pour me faire une idée.

    Comme El JC, je te conseillerais bien Ubik aussi, qui est très particulier, mais avec un fin étonnante et mythique.

    « Substance Mort » je ne connais pas par contre

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