. Black Science – tome 1 de Rick Remender et Matteo Scalera | Fant'asie
Kameyoko 12/05/2015 2
Black Science – tome 1 de Rick Remender et Matteo Scalera
  • Scénario
  • Graphisme

Black Science - tome 1

Black Science – tome 1 : De Charybde en Scylla de Rick Remender et Matteo Scalera

Voyage à travers les dimensions

Black Science était un titre attendu, enfin du moins dans mon cas. Urban Comics a pas mal mis en avant ce titre lors du festival d’Angoulême mais aussi lors de la dernière Paris Comics Expo, où il proposait le premier épisode en français (premier numéro, pas le premier tome hein 😉 ).

Avec sa thématique SF, qui forcément me fait de l’oeil, que vaut ce titre in fine ? Voici mon avis !

Black Science – tome 1 : De Charybde en Scylla de Rick Remender et Matteo Scalera est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 13 février.

Résumé de Black Science 1 chez Urban Comics

Résumé de l’éditeur :

Grant McKay, fondateur de la Ligue Anarchiste Scientifique, a accompli l’impensable en créant le Pilier, un artefact capable de plier les arcanes de la Science Interdite à sa volonté et offrant à l’humanité la possibilité de voyager à travers les dimensions. Seul problème : un incident technique est venu perturber la première expédition avec pour résultat de piéger Grant et son équipe de scientifiques entre les dimensions de l’Infinivers, à la merci de mondes plus hostiles les uns que les autres. Seule solution face à l’inconnu : aller de l’avant !

A la découverte de l’Infinivers !

Ce Black Science s’annonçait déjà comme un future perle du catalogue Indies de Urban Comics, et très franchement c’est bien ce que l’on a.

L’histoire débute de suite, nous mettant en scène un homme et une femme vêtus de scaphandres avec des visières rouge semblant fuir une menace. Ils essaient d’échapper à des créatures à l’allure amphibienne montant des sortes de murènes géantes dans un marais inquiétant presque post-apocalyptique. Ces deux humains doivent retourner au « pilier » avant le prochain saut imminent.

Cette entrée en matière, met le lecteur directement dans le bain en débutant par une course poursuite haletante, même si ce dernier ne connait pas de suite les tenants et les aboutissant. Le rythme démarre sur les chapeaux de roues et permet d’ores et déjà d’installer l’univers graphique du titre avec son ambiance Science-fiction et ses créatures. Voilà le lecteur happé dans ce monde foisonnant d’imagination.

Au travers des aventures du héros Grant McKay et de son équipe, mais aussi via des flashbacks, le lecteur comprend vite qu’il va être question d’univers parallèles et de sauts à travers les dimensions. Ce pitch de base n’est pas sans rappeler la série Sliders : Les Mondes Parallèles, avec qui il partage bon nombre de similarités. Pourtant ici, le récit nous entraîne sur une pente plus fantastico-SF, avec une certaine dramaturgie.

Toute l’intrigue tourne autour de l’invention de McKay : son pilier permettant le voyage inter-dimensionnel. On apprend vite que ce dernier est déréglé (pour être plus précis il a été saboté) et a entraîné le scientifique de la Ligue Anarchiste Scientifique, son équipe mais également ses enfants dans ses différents voyages aléatoires, avec, pour le moment, aucune possibilité de programmer un retour.

Via les flashbacks disséminés tout au long du récit mené tambours battants, on apprend petit à petit comment les différents protagonistes en sont arrivés là. Ce qui permet, au fur et à mesure, de mieux prendre conscience de la situation actuelle et sa portée, mais aussi caractériser les différents personnages.

De l’autre côté les voyages de l’équipe ressemble à une gigantesque fuite en avant, mâtinée de course contre le temps, tout en traversant des mondes étranges. Le rythme est effréné et fait la part belle à l’action, sans pour autant oublier de développer le background du titre, notamment tout ce qui touche au sabotage du pilier.
Le lecteur est happé dans ce tourbillon concocté par un Rick Remender à l’imagination débordante et qui parvient à rendre assez accessible une histoire qui pourrait être complexe.

Les mondes traversés proposent toujours leur lot de créatures et d’environnements fantastiques et dépaysants. On y ressent les différentes inspirations du scénariste avec un côté très SF des années 70-80. Et pour le coup, c’est du plus bel effet. Mon seul reproche sur ces mondes c’est qu’il ne s’agit presque que de paysages et non pas de mondes inexplorés. Il manque, pour moi, d’un peu plus de découvertes des créatures, lieux, coutumes… En effet, outre proposer des mondes jamais vus, Remender n’exploite pas encore assez le concept d’oignon (lisez, et vous comprendrez pourquoi le choix de ce terme) et de l’infinivers. Heureusement, un rebondissement va donner beaucoup de saveur à ce voyage. A savoir des versions alternatives des héros qui vont vraiment ajouter de la complexité, mais aussi de la dramaturgie au tout.

Concernant les personnages, tous bénéficient déjà d’une certaine caractérisation, certains étant plus développés que d’autres. Même si j’ai eu un peu peur au départ d’avoir des personnages un peu trop marqués et caricaturaux, Rick Remender est plus habile que ça. Ses personnages sont plus nuancés que cela et le parfait reflet en est Grant McKay.
Ce scientifique anarchiste est plus ambigu qu’il n’y parait. C’est un génie qui, très vite, a été capable de voir le potentiel de cet infinivers. Mais son travail et ses recherches l’ont accaparé l’éloignant ainsi de sa femme et ses enfants. Il a aussi un côté pitoyable avec le délaissement de sa famille, le fait qu’il trompe sa femme et son côté carriériste et utopiste. Mais pourtant, il trompe son monde pour son bien et s’avère être un père protecteur prêt à tout pour ramener ses enfants. Il va ainsi développer son rôle paternel avec une tendance à se sacrifier, mais sans tomber trop facilement dans le cliché du héros qui se dévoue pour sauver tout le monde. Car malgré tout il reste un peu égoïste et paraît parfois détestable.

Black Science jouit d’un scénario savamment maîtrisé, rythmé et ponctué de rebondissements intéressants qui font bien avancer l’intrigue. Les tensions et liens au sein même du groupe se créent et se défont de façon assez réaliste et rajoute encore de l’intérêt à l’intrigue, de l’émotion et du drame.

Pour ne rien gâcher au tout, l’aspect graphique, réalisé par Matteo Scalera, est aussi de très bonne facture. Le dessin de l’italien a un petit quelque chose de punk, un peu dans la lignée de l’excellent Sean Murphy. Son découpage et sa composition sont également très bons, en offrant de superbes pages maîtrisées, contribuant à donner du dynamisme et de la substance au tout. Il arrive également à bien donner vie à cet univers de science-fiction, bien aidé en cela par une colorisation bien sentie.

Pour conclure, Black Science – tome 1 de Rick Remender et Matteo Scalera est bien l’excellent comic que j’escomptais. Le scénario concocté par Rick Remender est très bon, plein de rythme, avec une dimension SF, un peu typée, très bien retranscrite dans l’ambiance ou les thèmes. D’emblée le récit, avec son in media res, happe le lecteur pour ne jamais le lâcher. La thématique des voyages entre les dimensions est passionnante et bien exploitée même si je regrette qu’on ne s’attarde pas plus sur les mondes traversés.

Le choix d’utiliser des flashbacks pour mieux faire comprendre le récit actuel est certes un procédé classique, mais prend tout son sens ici. Sans alourdir le rythme, il permet de mieux comprendre ce qui se passe, tout en jouant avec les révélations et la caractérisation des personnages.
Le scénariste est bien aidé par un Matteo Scalera très en forme, qui sublime le récit en lui donnant encore plus de personnalité.

Bref, vivement la suite.

Et vous qu’avez-vous pensé de ce titre ? Est-ce de la bonne SF ? Avez-vous, vous aussi, de suite pensé à Sliders (en plus sombre) ?

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