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Before Watchmen – Minutemen de Darwyn Cooke
Focus sur les Minutemen
Dès début 2014, Urban Comics a décidé de commencer sa vague de publication, en hardcover, des Before Watchmen. Pour rappel, ces mini-séries reprennent les origines de nombreux personnages apparus dans le Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons.
C’est évidemment un événement, tant Watchmen a marqué une génération de lecteur de comic.
Mais cette démarche est-elle pertinente ?
Before Watchmen – Minutemen de Darwyn Cooke est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 24 janvier 2014.
Résumé de Before Watchmen – Minutemen chez Urban Comics
Résumé de l’éditeur :
Au début des années 1940, une mode des aventuriers costumés a frappé les États-Unis incitant plusieurs individus à se déguiser afin de rendre la justice. Parmi eux, le Comédien, le Hibou, le Spectre Soyeux, Capitaine Métropolis, le Juge Masqué, l’Homme Insecte, la Silhouette et Bill Dollar se sont regroupés en une organisation, les Minutemen, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Des préquelles Watchmen, crime de lèse-majesté ou bonne idée ?
Watchmen, d’Alan Moore et Dave Gibbons est une oeuvre majeure du comic, peut-être même son plus fier représentant. C’est un classique, un monument du 9ème art, un incontournable. Surtout quand son scénariste est aussi prestigieux et charsimatique qu’Alan Moore.
Alors quand DC Comics, plus de 25 ans après, décide de lancer tout un tas de mini-séries revenant sur le passé de plusieurs personnages, il y a de quoi se poser des questions. Evidemment, Alan Moore a de suite condamné le projet. On se doute également que cette décision de DC répond d’abord à un intérêt commercial. On peut donc s’intérroger sur le bien fondé de cette démarche. Malgré tout, je pense que tout amateur espère, en son for intérieur, que ces séries apporteront quelque chose et auront un vrai fond artistique. Mais est-ce le cas ?
Pour commencer à se faire un premier avis, Urban Comics à décider de lancer ses Before Watchmen, avec la mini-série consacrée aux Minutemen. Quoi de plus logique que de s’attarder sur la première équipe de super-héros, qui a tant façonné ce que deviendrait les Watchmen.
L’histoire commence dans les années 60, où Hollis Mason, plus connu sous le nom du Hibou, s’apprête à publier ses mémoires sur les Minutemen et y relater tout ce qui s’est passé : de la création du groupe, en passant par leurs premières missions, mais aussi par les nombreux déboires de chacun. La narration alterne donc beaucoup entre présent et passé, empruntant ainsi un peu à la narration de Watchmen.
Le portrait brossé, par Darwyn Cooke, de ce groupe composé du Hibou, du Comédien, du Spectre Soyeux, de Bill Dollar, du Juge Masqué, de Silhouette, l’homme insecte et de Capitaine Metroplis est loin d’être idyllique. On voit bien toutes les difficultés qu’a eu l’équipe pour se monter, mais surtout on voit très bien comment elle est arrivée à se dissoudre.
Même si la plupart des rebondissements étaient déjà connus pour ceux ayant lu Watchmen, et notamment les pages du livre d’Hollis Mason, l’auteur parvient à bien les mettre en scène, tout en ajoutant de nouveaux lourds secrets ou révélations. Darwyn Cooke reste donc très fidèle aux écrit de Moore, sans remettre en question ce que l’on voit dans l’oeuvre mythique.
Il développe certains points abordés brièvement dans l’oeuvre de base, apporte quelques nouvelles idées et développe un peu plus ces personnages et leurs faiblesses. Car de faiblesses il est bien question. L’auteur conserve le côté « démystificateur » de Watchmen en montrant des hommes faillibles, avec de gros travers. L’ambiance est certes rétro, mais mâtinée de glauque parfois. Car, en toile de fond, on a une sordide affaire avec des enfants.
Darwyn Cooke développe un peu la caractérisation des personnages, avec en premier lieu le Hibou, qui est réellement bon et sain. Tous les autres personnages ont des travers plus ou moins graves. J’ai par exemple bien aimé ce qu’il a fait avec l’Homme Insecte et la Silhouette, qui sont peu abordés dans Watchmen.
J’ai également apprécié les quelques révélations notamment à la toute fin sur l’identité du criminel recherché par la Silhouette et le Hibou.
Il s’agit d’une bon préquel même si au final, ça n’apporte réellement que peu de choses. Néanmoins, c’est une bonne mise en images de l’histoire de Minutemen, qu’on entrevoit dans Watchmen, avec une narration maîtrisée. Après on peut se poser la question de l’intêret de faire ça, mais il est difficile de remettre en question le travail de l’auteur qui pour moi fait le boulot. C’est fidèle à l’esprit originel, on retrouve tous les éléments abordés dans le titre de Moore, mais tout en ayant quelques bonnes idées, révélations et le tout avec la patte de Cooke. Ce dernier se calque forcément sur l’esprit Watchmen, mais arrive à se l’approprier.
Personnellement, même si je trouve ce récit de qualité, je m’interroge vraiment sur le bien fondé d’une telle démarche. Pour moi le Watchmen de Moore et Gibbons se suffit à lui-même. Les non-dits, les ellipses font parti intégrantes de l’oeuvre. Je suis partisan du fait qu’il faille, des fois, laisser le lecteur assembler les pièces lui-même et combler les trous.
Graphiquement, le style de Darwyn Cooke, très retro colle parfaitement à ce titre. Clairement, il n’aurait pas pu être sur une autre série. Son trait cartoony sent bon les années 40 et la nostalgie. Cela apporte une vraie touche à ce Before Watchmen – Minutemen. Surtout que sur cette apparence retro, il y a une vrai modernité dans le cadrage et la narration. Le style est à des années-lumière d’un Lee Bermejo sur Rorschach par exemple, mais il colle bien à l’esprit des Minutemen.
Pour conclure, ce Before Watchmen – Minutemen de Darwyn Cooke remplit le contrat. Il réussit parfaitement à nous raconter l’histoire des Minutemen, de sa création à sa ruine. Les premiers vigilantes sont bien esquissés et on voit bien les troubles de chacun. L’auteur s’inscrit dans la continuité de Watchmen et reste fidèle aux éléments élaborés par Moore. Mais c’est aussi presque ça qu’on peut lui reprocher : c’est une mise en dessin des écrits de son ainé. Evidemment, c’est une vision un peu simpliste de la chose, car Cooke appose vraiment sa griffe, tout en apportant de petites choses. Mais se pose la question de l’intérêt de faire ça. Et là, je suis moins enthousiaste, même si le résultat est très bon.
Et vous qu’avez-vous pensé de ce titre ? Trouvez-vous que ce focus sur les Minutemen était nécessaire ? Globalement que pensez-vous du projet Before Watchmen ?
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