
- Scénario
- Graphisme
Batman – tome 1 : la cour des Hiboux de Scott Snyder et Greg Capullo
L’incontournable du relaunch DC
Je vais commencer cette chronique par des confessions que j’ai honte de faire. Mais le crime est tellement grave, qu’il me faut une absolution. J’ai péché par excès d’orgueil et de paresse. Je ne chronique ce Batman que maintenant car j’étais déjà persuadé de l’avoir fait et sans prendre la peine de vérifier.
Me pardonnerez-vous ?
Quoiqu’il en soit, voici donc mon avis sur ce Batman du relaunch DC qui était très attendu par les fans et qui jouit d’une renommée assez incroyable.
Mais est-ce justifié ?
Batman – tome 1 : la cour des Hiboux de Scott Snyder et Greg Capullo est édité par Urban Comics et est disponible à la vente depuis le 08 juin 2012.
Résumé de Batman 1 chez Urban Comics
Résumé de l’éditeur :
Après une longue période d’absence, Bruce Wayne est de retour sous le masque de Batman, à la poursuite d’un mystérieux tueur en série aux allures de hibou, et dont la prochaine cible n’est autre que… Bruce Wayne. Plus il progresse dans son enquête, plus le Chevalier Noir rassemble d’éléments sur les motivations de son ennemi. Il découvre alors une sombre vérité mêlant la famille Wayne aux fondations troubles de Gotham City.
Le porte-étendard du relaunch New 52 de chez DC Comics
Batman est sans doute la série post-relaunch la plus attendue et la plus unanimement saluée de toute part. Il faut dire que, rien que sur le papier, elle a de quoi susciter l’intérêt. On commence déjà par un Greg Capullo au dessin si puissant, si démonstratif et qui bénéficie d’une sacrée aura. Ensuite, nous avons au scénario l’un des scénaristes les plus talentueux du moment. Il faut dire que ces précédentes oeuvres : American Vampire et Batman Sombre Reflet étaient déjà d’excellents comics d’une maturité étonnante. C’est un artiste qui apporte vraiment quelque chose. Le voir sur LA série Batman était très engageant. Quand on sait qu’il officie aussi sur Swamp Thing, on se dit que ce monsieur a tout d’un grand.
Bref, une union qui, si elle fonctionne, peut être merveilleuse. Et dans les faits c’est exactement ce que l’on a. Oui cette association fonctionne à merveille. Oui ce Cour des Hiboux est excellent en tout point. Et oui, c’est à posséder d’urgence !
Ce comic réussit l’exploit d’être, d’une part d’une qualité rarement égalée pour des séries mainstream, mais aussi parfaitement accessible aux nouveaux lecteurs, tout en restant intéressant pour les plus anciens.
Tout débute par un premier chapitre assez introductif permettant de poser les bases et les personnages, tout en étant distrayant. Mais rapidement, le scénariste nous embarque vers quelque chose de plus sombre, qui emprunte beaucoup au polar.
Le tour de force de Scott Snyder et de prendre la main de son lecteur, de l’amener là où il veut l’emmener, sans que ce dernier ne s’en rende compte. On est pris dans un récit captivant, aux multiples rebondissements, à l’intrigue superbement ficelée et bien pensée. L’immersion est totale et le plaisir de lecture atteint des sommets que l’on ne croise que trop peu.
Le scénariste nous introduit un nouvel ennemi des plus charismatiques et inquiétants alors qu’on ne le voit que peu. Mais il a réussi à créer tout une mythologie, une aura autour de ce personnage qui font qu’il nous apparaît déjà comme un adversaire mythique du Chevalier Noir. J’exagère peut-être en qualifiant la Cour des Hiboux et l’Ergot comme mythiques. Néanmoins, on sent que ça pourrait être le cas.
Il a tout pour cela : une super charadesign, un niveau de dangerosité élevé, une relation personnelle avec Batman. Il allie puissance et réflexion, agit dans l’ombre et cache derrière lui pas mal de choses.
Mais le génie de Snyder ne s’arrête pas à ce nouvel ennemi, qui ne serait pas ce qu’il est sans un véritable travail sur le fond. Le scénariste propose un vraie polar, sombre, inquiétant et psychologique.
Il tourne son récit autour de deux thématiques percutantes et d’une justesse incroyable : Gotham et la psychologie de Bruce Wayne/ Batman. Pour moi, avec ces deux angles d’attaque, il montre qu’il a tout compris à ce qu’est Batman.
Il place Gotham au centre du récit, instaurant une relation presque fusionnelle entre Batman/ Bruce Wayne et cette ville. D’autres auteurs ont insisté sur cette cité, sur la relation de Batman avec, sur son éternel propension à évoluer et surprendre. Mais tout cela se joue plus sur un axe géographique et presque sociologique, mais à un instant t. Snyder lui introduit le temps dans cette relation complexe entre Gotham et Batman. Elle devient une composante clé de l’intrigue mais renforce aussi le lien presque fusionnel entre la ville et son ange gardien.
Le second aspect, superbement traité, est la psychologie de Batman. Il le dépeint avec une justesse saisissante. C’est clairement un personnage complexe, torturé mais ô combien fouillé, profond et puissant. Outre sa relation avec Gotham, le traitement de son passé, Snyder s’attarde aussi sur une certaine forme de déni des choses, presque de la suffisance. Ce qui va le plonger dans les tréfonds de son âme, à la limite de la folie. On y voit donc un Batman ravagé essentiellement psychologiquement. Tout ceci est renforcé par un sens du dialogue incisif, des rebondissements intelligents, pertinents et qui rythment parfaitement le tout; et par une mise en scène assez hallucinante.
De plus, l’intrigue est vraiment bien ficelée avec un sens du rythme qui frôle la perfection. Snyder nous embarque dans son Batman, sombre, très axé sur l’aspect enquête. Au fur et à mesure le tableau prend forme. Les différents éléments s’imbriquent presque parfaitement ensemble. Je dis presque, car j’ai trouvé qu’il y avait quelques très légères facilités, comme la conclusion de la scène où Bruce tombe de la tour Alan Wayne. Mais plus on avance, plus ce qu’il dévoile nous scotche et nous montre que c’est vraiment un des scénaristes les plus talentueux de sa génération.
Greg Capullo nous livre des planches de toute beauté, bien aidé par Jonathan Glapion à l’encrage, qui magnifie ses dessins. Son trait, assez anguleux, son découpage et son sens du détail donnent une vraie personnalité à ce Batman. Tout est dynamique et sombre à souhait. Son trait respire la personnalité et épouse parfaitement la vision de Snyder. Ses planches sont fournies avec un vrai travail sur les décors et les détails. C’est un réel plaisir de rester se poser pour admirer les planches. Surtout qu’il a vrai talent de story-telling et de découpage. Chaque case est là pour quelque chose, pour apporter un plus à la narration. Nous avons même le droit à certaines pages qui, sous la volonté de nous plonger dans la folie de Batman, se montrent diaboliquement imaginatives. Tout ça afin de renforcer l’expérience de lecture.
Pour conclure, Batman est vraiment LA série du relaunch DC. Tout y est. C’est la quintessence de ce New 52. Elle parle aussi bien aux néophytes qu’aux habitués. La symbiose entre le scénario et le dessin est évidente et chacun tire le meilleur partie de l’autre. Les deux artistes démontrent qu’ils ont compris ce qu’était Batman. Ils nous mettent avec ce Batman – tome 1 : la Cour des Hiboux une vraie claque narrative et visuelle. J’ai été happé et passionné par le récit.
Snyder signe un récit d’une grande qualité, maîtrisé, complet et addictif. On ne demande qu’une chose lire la suite. Surtout que le travail de Capullo est également impressionnant !
Un premier tome qui frôle la perfection. Non, je n’utilise pas avec légéreté ces qualificatifs. J’ai vraiment été scotché par ce récit. J’ai été frustré de devoir fermer le livre.
Un vrai putain de bon comic, comme on aimerait en voir tant !
Partagez-vous m’en enthousiasme ? Trouvez-vous aussi que cet ennemi introduit à tout pour rejoindre le panthéon des méchants charismatiques du Batmanverse ?
Vivement la suite ! 😛