
- Scénario
- Graphisme
Anus beauté – tome 1 de Takeshi Ohmi
Le difficile problème des hémorroïdes
Aujourd’hui on va s’attarder sur une des sorties les plus improbables de ces derniers mois. Kurokawa a décidé d’éditer le manga Kiss my Ass, rebaptisé en France Anus Beauté. Et comme son nom l’indique on va parler d’anus, et d’hémorroïdes plus particulièrement.
Je voulais juste m’attarder 5 min sur le titre choisi en France qui a fait débat. Personnellement, je le trouve très bon, à la fois drôle, osé mais aussi moins cash que celui de la VO. Pour mois, un vrai bon choix.
Voyons ce que vaut ce titre !
Anus beauté – tome 1 de Takeshi Ohmi est édité par Kurokawa et est disponible à la vente depuis le 14 avril 2016.
Résumé de Anus Beauté 1 chez Kurokawa
Résumé de l’éditeur :
Mitsuki Yakushiji, 16 ans, a tout pour être heureux. Sauf qu’il traîne avec lui un lourd fardeau : il souffre d’hémorroïdes. Personne n’est au courant, bien sûr, jusqu’à ce qu’une de ses camarades de classe le démasque. Frappée du même mal que lui, Shiori Miura connaît tout de cette maladie et elle est bien décidée à aider Yakushiji à la combattre, même contre son gré…
Un sujet pas (b)anal ! Ass(urément)!
Anus Beauté est probablement l’OVNI de cette année 2016. Sous ce titre, très inspiré du film Venus Beauté (Institut) de Tony Marshall, se cache un seinen qui a pour thème…… les hémorroïdes. Oui, les hémorroïdes, ce sujet un peu tabou et honteux. Et bien, quelqu’un s’est dit, un matin, que ça ferait un bon sujet de manga ! Et bizarrement le pari est réussi !
Takeshi Ohmi nous propose un seinen en deux tomes sur cette maladie délicate. Et pour cela, le mangaka a choisi l’angle de l’humour et du didacticiel. Il dédramatise les hémorroïdes, souvent jugés tabou, avec beaucoup de pédagogie, mélangeant du sérieux et du médical avec plus de légèreté et d’humour. Ainsi, il explique de façon claire ce qu’est cette maladie, ce qu’elle entraîne et comment lutter contre.
Plutôt que d’avoir un exposé médical un peu froid, l’auteur choisi un angle plus léger, à base de schémas simplifiés, de mises en situation rigolotes et de vulgarisation scientifique. Et pour cela il s’appuie sur le personnage de Miura. Cette dernière sous ses faux airs d’intello est une personne très cash, sans tabous et très calé sur le sujet des hémorroïdes. Le décalage entre son charadesign et son comportement est assez savoureux. Surtout qu’elle est assez taquine avec Yakushiji et n’hésite pas à parler d’anus, d’étrons…
Dès les premières pages le ton va être donné avec une Miura qui demande à Yakushiji de s’occuper de son anus, après avoir baissé sa culotte. L’entrée en matière est très crue, surprend et interpelle. Mais on se doute que c’est clairement l’objectif affiché. Surtout que l’artiste s’amuse à donner une consonance très ecchi/ hentai, avec ce plan petite culotte entre autres. Mais fort heureusement, la suite du manga ne joue pas du tout sur cet aspect ! Car j’avoue avoir eu très peur que l’auteur ait fait l’erreur d’aborder ce sujet sous l’angle du fanservice. Ce qui aurait été une grossière erreur.
Mais ensuite, le ton est plus pédagogique et le lecteur, en même temps que Yakushiji, va tout savoir sur cette maladie, qui touche plus de personnes que ce que l’on pense. A ce titre, la première partie est assez didactique avec beaucoup d’explications, mais sans jamais ennuyer. La faute à une dédramatisation de ce mal, et à des schéma simplifiés et des touches d’humour. Par exemple, Miura qualifie son « protégé » de sidekick-ass. C’est con, mais je trouve ça drôle !
Pour montrer le sérieux, malgré l’humour présent, les termes et informations médicales ont été vérifiés par un vrai spécialiste. La préface est, elle, assurée par Marina Carrère d’Encausse (l’acolyte de Michel Cymes dans le magazine de la santé). Signe qu’il y a vraiment un aspect très réaliste et une façon différente d’aborder un vrai problème, avec ses conséquences particulières.
Mais au-delà de l’aspect purement axé sur les hémorroïdes, le récit se construit plus classiquement autour d’une comédie romantique. En effet Yakushiji rêve de sortir avec la jolie Komatsu qui ignore son souci anal. Mais on devine que Miura va venir se greffer pour faire une sorte de triangle amoureux. Surtout que la fin du tome nous laisse avec un cliffhanger qui nous laisse présager cela. Du coup, j’ai une grosse interrogation sur la suite. J’ai l’impression que les côtés informatifs ont été déjà abordés et que donc la suite se concentrera plus sur les 3 personnages cités plus haut. Le risque est donc de perdre ce mélange de sujets sérieux et d’humour pour se focaliser sur quelque chose de plus classique.
Anus Beauté réussit le pari improbable de nous captiver avec un sujet tabou et, à priori, peu propice à faire un sujet de manga. Au final ce tome se lit avec un grand plaisir. On apprend plein de choses, au point de même vouloir prendre plus soin de son anus pour éviter les risques d’hémorroïdes, mais le tout avec beaucoup d’humour, de vulgarisation, rendant la lecture aisée.
Graphiquement, le trait de Takeshi Ohmi est de qualité sans être transcendant. Il est plus que correct mais reste un peu banal pour autant, même si on s’amuse de la représentation du symptôme (ce petit démon anal !). C’est clair, bien réalisé, bien découpé avec des personnages suffisamment expressif. C’est juste que c’est un peu trop passe-partout, même si par moment, on voit son penchant à « sexualiser » ses personnages féminins (mais c’est hyper rare et tant mieux).
Pour conclure, Anus Beauté – tome 1 de Takeshi Ohmi est clairement un OVNI, un titre aussi improbable que couillu. Mais pourtant le pari est réussi et nous avons là un manga à part, mais très agréable à lire.
Personnellement, je suis fan du titre français plus subtile que le titre VO: Kiss my Ass, cela peut en rebuter certain, mais il faut vraiment passer outre. Car ce Anus Beauté réussit le double exploit d’informer sur les hémorroïdes, tout en vulgarisant mais aussi en distrayant. Au final, ce seinen ne tombe jamais dans le cours magistral et fait passer beaucoup d’informations mais avec humour, punchlines incisives et autres mises en situation rigolotes. On aborde un sujet dont on n’ose pas parler mais sans jamais tomber dans le graveleux ou la lourdeur. C’est juste un manga qui atteint son objectif.
Vous me pardonnerez la citation vulgaire et son utilisation : « Mais ça troue le cul » ! (Cartman style !)
Merci pour le retour, l’article m’a donné envie de lire le manga. J’adore les ovnis de ce genre.