
- Scénario
- Graphisme
Animal Kingdom – tomes 1 et 2 de Makoto Raiku
Un bébé élevé dans la jungle
Animal Kingdom ( Doubutsu no kuni en VO) est l’une des dernières nouveautés de Ki-oon. Ce dernier l’a classé dans sa collection « Kids » aux cotés de Roji ! et autre Lucika Lucika. Aux manettes, on retrouve Makoto Raiku, connu pour son titre Zatchbell.
Mais attention à ne pas trop vite cataloguer ce shônen comme un simple titre gentillet pour enfants. Il pourrait vous surprendre !
Animal Kingdom – tomes 1 et 2 de Makoto Raiku sont édités par Ki-oon et sont disponibles à la vente depuis le 23 janvier 2014.
Résumé de Animal Kingdom 1 et 2 chez Ki-oon
Résumé du tome 1 :
Dans le monde d’Animal Kingdom, les animaux les plus puissants imposent leur loi aux plus faibles. Raton laveur de son état, Monoko découvre un jour un bébé humain abandonné dans un panier qui dérive le long de la rivière. Elle décide de l’adopter et de l’élever comme elle peut, malgré les dangers permanents qui règnent dans la jungle.
Si le petit d’homme n’a pas de griffes ou de crocs pour se protéger des autres prédateurs, il possède en revanche un don bien plus précieux : celui de comprendre et de parler le langage de tous les animaux !
Notre héros va alors tenter l’impossible : dépasser les haines ancestrales et unir tous les habitants de la forêt !
Résumé du tome 2 :
Chez les ratons laveurs, la vie n’est pas toujours rose ! Impossible de sortir de sa tanière la nuit sous peine de se faire croquer par un prédateur, on se prend des coups de sabot quand on se promène trop près des vaches et, pire que tout, on a souvent le ventre vide !
Mais depuis l’arrivée de Taroza, qui parvient à communiquer avec différentes espèces, les choses commencent à s’améliorer : la tribu a découvert que Croc-Noir, l’énorme chat sauvage qui rôdait dans les bois, était en réalité un allié. Hélas, d’autres redoutables fauves errent dans les parages…
Un shônen pas si kid que ça
En tout début d’année 2014, Ki-oon mettait le paquet sur la communication de leur nouveau shônen : Animal Kingdom. Titre que l’éditeur a placé dans sa collection « Kids« . Ce classement, le synopsis ainsi que le design peuvent laisser croire à un titre assez enfantin, bon enfant, une sorte de Mowgli version manga.
Malgré un début qui nous laisse penser ça, Makoto Raiku, déjà mangaka de Zatchbell, va proposer des choses plus dramatiques et plus adultes que ce qu’il n’y parait.
Pourtant le début faisait croire à un titre simple et clairement à destination du jeune public. En effet, l’histoire est celle d’un enfant abandonné, recueilli par Monoko, une femelle raton-laveur. Elle décide de l’adopter dans cette jungle où la loi du plus fort est de mise, où les forts dévorent les faibles. Mais ce bébé humain, a une spécificité bien particulière : il est capable de comprendre et parler avec tous les animaux. Et cela pourrait bien changer les choses.
Je dois reconnaître que le début m’a vraiment fait peur. Je n’ai pas accroché aux premières pages de ce qui semblait être un faximilé du Livre de la jungle version Disney. Surtout que le mangaka nous propose un univers assez déjanté, sans jouer la carte du réalisme. Ainsi les ratons-laveurs, en particulier, sont anthropomorphiques, ressemblent à tout sauf à des ratons-laveurs. Le ton et les aspirations de Monoko et toute sa clique surprennent un peu alors que, dans le même temps, l’inspiration à voir du côté du Livre de la Jungle est évidente.
Cette première impression, un peu mitigée, s’est dissipée à la fin de la lecture des deux premiers tomes. Le mangaka propose ainsi une récit avec plusieurs niveaux de lectures, des éléments plus adultes et des pistes de développement qui promettent. Le récit se montre beaucoup moins simpliste que ce que l’on pourrait croire. Mais pour cela, il y a une première étape indispensable : rentrer dans le délire. Parce que le design enfantin, le manque de réalisme, des choses complètement improbables et un enfant de quelques jours qui a la maturité d’un adulte, peuvent perturber.
Mais une fois ce parti pris créatif accepté, on commence à déceler le potentiel du titre où tout pourra être permis. C’est également un peu la même chose avec l’humour qui s’avère assez particulier, très simple, un peu pipi-caca sur les bords pour lequel il faut entrer dans le trip.
Au niveau de l’histoire, au départ, on ne voit pas trop où l’auteur veut nous emmener. Mais le mangaka parvient, surtout dans le deuxième tome, à nous montrer la voie que prendra le fil rouge du manga. Et là, on sent l’inspiration presque biblique, à savoir la Tour de Babel et les conflits liés à l’impossibilité de communiquer. Mais avant cela, Makoto Raiku va surtout s’évertuer à nous montrer comment Monoko va s’occuper de cet enfant particulier, tout en développant l’univers du titre. Notamment on pourra voir tous les dangers que peut receler cette jungle, et donc nous prouver que c’est la loi du plus fort qui prédomine. De nombreux personnages secondaires seront introduits comme le protecteur Croc-Noir, le jeune loup Sieg, la grande famille des ratons-laveurs, un ours, un éléphant… Tous ces personnages apportent quelque chose et se révèlent intéressants.
Graphiquement, le trait du manga est perturbant, notamment dans le charadesign. C’est assez enfantin, mais surtout les ratons-laveurs ne ressemblent vraiment à rien. On dirait presque des humains ayant revêtus une combinaison de mascotte. Vraiment, graphiquement, il faut s’adapter au trait spécial du mangaka. Il a aussi quelques difficultés pour bien dessiner les animaux. J’ai par exemple trouvé que l’ours était assez mal fait (en plus des ratons) Mais au-delà du design, il y a beaucoup d’expressivité chez les personnages, du travail sur les arrières-plan. Clairement, on ne peut pas lui reprocher un manque de personnalité.
Pour conclure, Animal Kingdom est un titre particulier. Le charadesign est original (pour rester poli) et déroutant; l’ambiance est particulière, mélange de gros délires et d’humour pas très fin. De plus, ce shônen présenté comme pour « kids » est loin de n’être qu’un titre pour enfant. Il y a des propos très adultes, un peu dramatiques (le décès des parents de Monoko, l’affrontement de Croc-Noir contre des chats sauvage, des loups contre l’ours…). Pourtant il conserve cette portée « pour tous », avec ces thèmes universels, son humour, une apparente simplicité et des personnages attachants.
Animal Kingdom n’est pas forcément le titre auquel on s’attend plus on avance dans la lecture. Il y a un vrai potentiel, plein de bonnes choses… mais il faut passer outre les premières pages. Car dans mon cas, j’ai trouvé que c’était le principal frein de ce titre. On a du mal à se projeter dans le récit, et on peut-être dérouté par les choix artistiques du mangaka. L’impression que ce shônen s’améliore plus on avance dans la lecture sera confirmé avec le tome 3. Mais je vous laisse le découvrir.
Et vous qu’avez-vous pensé de ce titre ? Avez-vous eu, également, une première mauvaise impression ?