
- Scénario
- Graphisme
A Silent Voice – tomes 4 et 5 de Yoshitoki Oima
Passé et amitié
A Silent Voice s’es très rapidement imposé, pour moi, comme l’une des meilleures séries de 2015. Ce fût un véritable coup de coeur !
Le tome 1 était saisissant, mais la suite s’est avèrée tout aussi bonne et addictive. Avec son thème particulier, sa finesse et ses émotions, difficile de ne pas succomber. Et ces tomes 4 et 5 vont ne faire que renforcer l’amour que j’ai pour ce seinen.
A Silent Voice – tomes 4 et 5 de Yoshitoki Oima sont édités par Ki-oon et sont à la vente, respectivement, depuis les 02 juillet et 08 octobre 2015.
Résumé de A Silent Voice 4 et 5 chez Ki-oon
Résumé du tome 4 :
Si les retrouvailles de Shoko et de Miyoko se passent à merveille, au grand soulagement de Shoya, les choses sont loin d’être aussi simples quand il tombe sur Naoka en pleine rue… Alors qu’il la ramène chez elle, l’adolescente repère la jeune malentendante dans une boutique, et le premier contact se révèle plutôt explosif !
Mais pour le lycéen aussi, les choses évoluent : sans s’en rendre compte, il se constitue peu à peu un petit cercle d’amis. Hélas, lorsque la timide Shoko tente de lui déclarer sa flamme à haute voix, c’est l’échec total…
Résumé du tome 5 :
Shoya se retrouve embarqué dans une sortie au parc d’attractions, qu’il commence à apprécier malgré la présence de Miki et de Naoka. Mais les choses dérapent lorsqu’il reconnaît Kazuki, son ancien ami d’enfance, à l’un des stands…
Quelques jours plus tard, un triste événement vient frapper les Nishimiya : le décès de la grand-mère de Shoko, véritable pilier de la famille. Alors que tout le monde tente de remonter le moral à Yuzuru, celle-ci décide d’aider sa sœur à faire sa déclaration. De son côté, Shoya accepte de participer au tournage du film de Tomohiro… à condition que la jeune malentendante fasse partie de l’aventure !
De durs moments pour Shoya
Après les retrouvailles réussies entre Shoko et Miyoko, c’est un nouvelle ancienne camarade qui va revenir sur le devant de la scène, en la personne de Naoka. Cette dernière, à l’époque, malmenait aussi la jeune malentendante. Une fois encore, Shoya va se replonger dans son passé et se confronter à son ancienne camarade qui n’a pas beaucoup changé. Son accueil vis-à-vis de Shoko sera bien différente de celui de Miyoko. Elle ne cherche pas forcément la réconciliation ce qui contrarie le jeune garçon. Fort heureusement Yoshitoki Oima est suffisamment subtile avec ce personnage pour la rendre plus complexe qu’une simple tortionnaire égoïste. C’est d’ailleurs via une rencontre au parc d’attraction entre les deux jeunes femmes qui va aider le lecteur à comprendre que la situation est plus complexe qu’il n’y parait. Shoko continue d’être touchante, même si elle garde ce côté un peu trop gentille qui peut parfois énerver. Mais il y a une telle sensibilité, un tel attachement envers ce personnage, qu’il est difficile de lui en vouloir.
Dans le même tome, au travers de tourments de la jeune malentendante, la mangaka va développer encore un peu plus sa petite sœur protectrice. Elle gagne encore en profondeur. On comprend bien sa relation avec sa sœur, ce sacrifice personnel au profit de Shoko, à qui elle pense d’abord à son propre détriment. La jeune fille n’en devient que plus attachante et touchante, surtout quand l’auteur décrit ses relations houleuses avec sa mère et, au contraire, tout l’amour qui la lie à sa grand-mère.
Ce passage tout en subtilité et maîtrise nous amène vers un événement tragique. Ce dernier, ne joue pas spécialement la carte du pathos et du larmoyant, même s’il s’avère très touchant. C’est surtout un moyen pour parler de la mère des deux jeunes filles et comprendre pourquoi elle agit ainsi. Oima nous brosse, en peu de pages, un portrait de femme d’une incroyable efficacité.
Elle montre, si cela était encore nécessaire de le prouver, tout son talent pour proposer un récit maîtrisé, à la fois d’une incroyable justesse, tout en jouant formidablement avec les sentiments de ses héros, mais également des ses lecteurs.
Dans le tome 5, l’accent est plus mis sur Shoya et sa re-sociabilisation depuis qu’il côtoie Shoko. Son cercle d’amis s’agrandit, sans qu’il l’ait réellement cherché. Ainsi, Tomohiro est devenu très présent dans sa vie. Sa relation avec Yuzuru est également à l’honneur puisqu’il va être présent pour elle dans un moment difficile.
Cet opus se concentre autour du projet de film de Tomohiro auquel tout le monde va participer… exceptée Shoko qui est un peu mise à l’écart, au grand dam de Shoya. Mais ce projet, en apparence tout sympathique, va, en réalité, être parsemé d’embûches. Par exemple Shoya va devoir revenir dans son ancienne école et se confronter à son ancien maître, qui aura des propos très lourds et perturbant.
Ce retour aux sources va le marquer et raviver son sentiment de culpabilité qui s’était un peu atténué. Ce sentiment qui le ronge va se mêler avec une certaine peur de perdre ce qu’il a, car il ne le mérite pas pour lui. Et c’est bien ce qu’il risque de se passer. Suite à des paroles malencontreuses, la situation va dégénérer et mettre Shoya et les autres face à eux-mêmes et faire voler en éclat leurs relations. Là encore, en quelques pages, la mangaka fait étalage de tout son talent pour remettre en question ce début de sociabilisation du garçon qui voit son monde se fissurer. Et sa seule réponse semble être encore dans la fuite. Mais le plus bouleversant reste la mise en scène de l’artiste. Je pense notamment à une planche où l’on voit une Shoko complètement perdue, ne comprenant rien à ce qui se passe, alors que ses amis se déchirent. L’auteure parvient à lui donner une expressivité incroyable permettant, en un plan, de dire bien plus de choses qu’en une multitude de dialogues. Du grand art !
Pour conclure, avec ce A Silent Voice – tomes 4 et 5, Yoshitoki Oima nous entraîne dans son récit avec virtuosité. La mangaka maîtrise sa narration, ses rebondissement et ses personnages. Même si parfois, les protagonistes manquent très légèrement de crédibilité dans leur réaction (c’est plus pour trouver un point négatif et ne pas être qu’élogieux), on s’attache très vite à cette galerie de personnages, que l’on suit dans les bons ou les moins bons moments. J’ai énormément d’empathie pour Shoko et Shoya que je trouve terriblement bien caractérisés avec une sensibilité à fleur de peau qui me touche beaucoup.
L’auteur arrive vraiment à exploiter de façon intelligente les thèmes de l’handicap, de la culpabilité et de la sociabilisation.
A Silent Voice continue à exceller et à se confirmer comme étant un manga d’une qualité rare. Toujours un coup de cœur !
Tiens c’est marrant, contrairement à pas mal d’avis, le 1er m’a pas vraiment alléché plus que ça.
J’ai quand même pris la suite et j’ai vraiment bien accroché. Je n’arrive pas à expliquer pourquoi ce tome 1 m’a pas spécialement fait rêver. bref. Merci pour ce retour en tout cas !
Le tome 1 est nul !